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lundi 2 janvier 2017

Janvier.






L’hiver a mis des coiffes blanches
Aux quatre tours des Ponts-Couverts
Et doublé d’hermine les branches
Des peupliers au vent offerts.

Il danse des flocons de neige
Sur le ciel de plomb des canaux,
Sur les pignons, sur les flèches, -que sais-je ?-
Avant de se noyer dans l’eau.

Et le cri rauque des mouettes
Dit le mauvais temps qui revient
A l’occident des girouettes
Sur la plaine où janvier se tient.

Des Faux-Remparts au Bain-aux-Plantes
Tout se dessine en noir et blanc
Et les vieilles pierres s’inventent
Les beaux atours d’un nouvel an.

                               ***

vendredi 4 décembre 2015

La Sentinelle.






L’extrême fin d’après-midi,
L’hiver s’habille d’or fané
Dont le faible éclat se dédit
Au pied des ombres quand, peiné,
Le jour trop court cède la place
Au cerne bleu du crépuscule.
Passants, dites-moi qui vous chasse ?
Dites-moi ce qui vous accule
A rentrer si vite chez vous ?
Du froid, de l’ombre ou du repas,
(Mais peut-être n’est-ce pas tout)
Lequel hâte le plus vos pas ?
Je me dis quand je vous regarde
Qu’on doit quelque part vous attendre ;
Tant mieux pour vous, moi je ne garde
Au cœur aucun souvenir tendre.
L’attendriez-vous d’un soldat,
D’un mercenaire dont l’emploi
Est de veiller sans autre état
D’âme que cette unique loi ?

                    ***
 

lundi 24 août 2015

Les Quatre Tours.






Elles sont quatre tours debout,
Derniers témoins de nos murailles,
Quatre toujours de fière taille,
Elles sont quatre tours debout.

… Dauphin, tes écorcheurs sont fous
   Qui rêvent ici de ripailles,
   Ils y feront festin de coups,
   De plomb, de pierre et de ferraille.
   A Hausbergen, sache-le, nous,
   Que l’évêque appelait « canaille »,
   Chevaliers autant que piétaille
   Nous leur avons rompu le cou
   Comme demain, et qu’il t’en chaille,
   Devant Nancy, je sais bien où,
   Ce seront les Suisses et nous
   Qui remporteront la bataille…

Qui du temps autant que de tout,
Toujours aussi fières se raillent,
Elles sont quatre tours debout,
Derniers témoins de nos murailles.

                           ***
 

dimanche 26 juillet 2015

La Jeune Fille Riche à la Tête de Mort (d'après "Légendes et Traditions Orales d'Alsace" recueillies par Jean VARIOT).





Un jour vînt à Strasbourg
Une étrange pucelle,
Vêtue de beaux atours,
De taille mince et belle

Mais sur son cou gracieux
La tête d’un squelette
Faisait craindre en tous lieux
La curieuse fillette.

Pour trouver un mari
Elle offrait sa fortune…
Même sans parti pris,
Un squelette importune,

Beaucoup, rêvant d’argent,
Accoururent vers elle
Mais nul – c’est outrageant –
Ne prit la demoiselle.

Pleurez le triste sort
De cette jeune fille
A la tête de mort
Qu’en vain son or habille !

                ***

mercredi 8 juillet 2015

Au Coeur Battant.






C’est l’histoire d’un rendez-vous,
Un rendez-vous comme il y en a tant,
L’été quand le soir est si doux
Qu’à tout âge on se croit amant.
Et c’est l’histoire d’une attente
Pendant que dansent les lumières
D’une terrasse au bord de l’eau
Fuyant, la nuit à fleur de peau,
Obscure, langoureuse et lente
Dessous l’arche d’un pont de pierre.
Une terrasse presque vide,
Un homme seul devant sa bière
Et la fraicheur de la rivière
Qui s’écoule sans rides.
C’est l’histoire d’un rendez-vous bien obtenu,
D’un rendez-vous jamais tenu,
Un rendez-vous comme il y en a tant
Et d’un jeune homme qui attend
Dans un bistrot, une inconnue ;
Un bistrot comme il y en a tant
A l’enseigne… « du Cœur Battant ».

                   ***