dimanche 5 février 2017

Le Gai Savoir.



(Château de Chenonceaux.)







Les mots d’amour ont-ils du poids ?
Le demander c’est y répondre
Et tout le reste va de soi :
Enfants ne vous laissez pas tondre
Ou votre hiver sera bien froid.

Le vieillard sait, sans dieu, ni maître,
Que ce qu’il fut il ne l’est plus
Comme il sait bien ce qu’il doit être
Et que dit-il ? « Marché conclu. »
Mais à quoi nous sert-il de naître ?

On me dit grand bien de Richesse,
De Pouvoir et d’Oisiveté
Mais si Fortune a des largesses,
A bien y voir et bien compter,
Nombreux sont ceux qu’elle délaisse.

Villon, poète et garnement,
Regrettait déjà sur la paille
Qu’il n’en allât pas autrement :
De nos amours, de nos ripailles,
Autant en emporte le vent !

Vaut-il mieux, je vous le demande,
Le discours, la phrase, le mot
Pour seule et unique provende
Ou la poularde et le gigot ?
Follet, qui hésite ou marchande !

Revenons au début : ma foi,
Vit-on jamais de gras poètes,
Riches d’écus de bon aloi ?
Ils sont pauvres, chétifs, nu-tête,
En ignorez-vous le pourquoi :

Les mots d’amour ont-ils du poids ?

                               ***
(Château de Chenonceaux.)

samedi 4 février 2017

Chanson Folle.





De brume, d’eau, de soirs d’été,
Voici pour une chanson folle,
Un refrain, une farandole
De brume, d’eau de soirs d’été.

Dans l’ombre où chante chaque note,
Chaque cascade a murmuré
Une prière peu dévote
A ses désirs énamourés.

Chantez à ceux qui se désolent
Ce que je vous ai raconté,
Les vers de cette chanson folle
De brume, d’eau de soirs d’été.

                               ***

Le Goût des Moules - Poème à Double Sens.





On parle beaucoup à Lutèce
Et l’on s’agite à Lanterneau,
On ne sait où les rumeurs naissent
Mais quel bruit font les étourneaux !

On se dispute à Bourg-la-Reine
Et l’on conteste à Concarneau,
On se donne bien de la peine,
C’est la saison des bigorneaux !

Allez donc à la pêche aux moules,
Le temps s’y prête à sa façon,
Je crois que le grand vent les soûle
Pour qu’elles s’échouent à foison.

L’important c’est ce qu’on y gagne,
Bien sûr le défaut c’est l’odeur
Qui se répand dans la campagne
Mais sans trop gêner les gobeurs.

                               ***

Le Promeneur Mécontent.





Comme il fait gris pour un jour de printemps,
Les blanches fleurs des marronniers s’envolent,
L’averse bat les toits au gré du vent,
Comme il fait gris pour un jour de printemps.

Je marche solitaire et mécontent
Et grelottant au froid qui me désole,
Moment désagréable et fichu temps !

La ville est triste et les saisons sont folles,
Dans les jardins déserts, en s’égouttant,
Chaque fleur dit aux feuilles qui s’envolent :

Comme il fait gris pour un jour de printemps !

                               ***

mercredi 1 février 2017

Le Bois.





Ils se sont perdus dans un bois
Si sombre qu’à peine on y voit
Et dont l’épaisseur sans limites
Semble interdire qu’on le quitte.

Un bois de silence et de nuit
Où rien ne bouge, où rien ne luit,
Un bois creusé de fondrières
Qui ne connaît pas de clairières,

Qui ne connaît pas de chemins,
Pas de sentiers et pas de fin,
Ni d’espoir, ni rien qui console,
Pas même un souvenir frivole ;

Un bois désert, un bois sans fond,
Un bois fait pour tourner en rond,
Un bois pour buter sur les pierres,
Aller chuter dans un ravin
Ou s’égarer dans les tourbières. 

Un bois qui ressemble à demain.

                               ***