mercredi 4 mai 2016

L'Ombre Qui Passe.






L’ombre a passé… Pour un instant :
Un jour, une semaine ou une année ;
Elle a passé comme fait la nuée,
Comme le froid ou l’averse obstinée ;
Ce n’est jamais que pour un temps.

Ce n’est jamais une victoire,
Un armistice et moins encor la paix,
C’est un caprice, une trêve ou un prêt,
Une coupe, une pause, un espoir, un souhait,
Jamais un arrêt de l’histoire !

L’ombre a passé, le ciel est bleu,
Le pain qu’on mange a le goût de la vie,
Le rire existe et l’amour fait envie,
L’heure qui vient ne vous est pas ravie
Et c’est beaucoup en restant peu ;

L’ombre a passé comme les litanies
Mais à jamais ce serait mieux.

                       ***
 

lundi 2 mai 2016

Le Déclin ?






Il y a cinq mille ans que le monde est ce monde
Qui fait se côtoyer le saint avec l’immonde,
Un cloaque d’horreurs, des trésors de beauté,
Des chefs-d’œuvre d’amour, des haines sans compter,
Un empire qui naît et des dieux qui s’effondrent,
Un monde où l’on adjoint à l’unique  le nombre,
Le bavard pour penser au muet pour répondre,
La plume de l’étude au fer pour la ruiner,
L’étroitesse d’esprit au talent étonné,
La jeunesse du rire à la tristesse âgée,
Et l’enfer du volcan à la cime enneigée;
Il y a cinq mille ans que le mot trompe et ment,
Qu’il apaise la peine et calme le tourment,
Que le ciboire assiège et que le glaive prie,
Que la bêtise et l’or n’ont aucune patrie,
Que l’heure enfuie est belle et la suivante aigrie
Et qu’on voit s’opposer prophètes de malheurs
Et champions du plaisir, insouciants et farceurs ;
Il y a cinq mille ans que le meilleur décline
Et que le mieux pourtant pour demain se dessine.

                               ***

mercredi 27 avril 2016

Menace.






Le jour aussi bien que la nuit,
Dans la parole ou le silence,
Le souvenir, l’action, l’ennui :
La même horreur, la même absence.

L’anxiété rôde en chaque pièce
Où s’éveillent les jours d’antan,
Poussière d’une ancienne liesse
Et tendresse d’un autre temps.

Partout plane cette menace
Où tout ce que je fus a part :
Un fantôme que rien ne lasse
Et qui répète : « il est trop tard ! »

Mes pas qui se perdent sans fin
Dans l’ombre hostile et familière
Des meubles d’un décor défunt
Rythment d’inutiles prières.

Le jour aussi bien que la nuit,
Dans la parole ou le silence,
Ce que j’ai fait, ce que je suis,
Ce qui me poursuit et  m’offense,
Et me repousse et me conduit
Et me cause une peur immense.

                  ***

lundi 25 avril 2016

Au Fil de l'Eau.






Bribes d’ailleurs, bribes d’antan,
Cet autrefois de la mémoire
Dont ce soir je vais souffrir tant,
Mon temps ressemble au fleuve Loire
Entre ses bancs de sable blanc
Et la broussaille de ses îles,
Toujours rapide et toujours lent
En ses méandres inutiles ;
Glissez, fuyez au fil de l’eau,
Jours de malheur, jours de liesse,
Fuyez, glissez comme ces mots
Sur la feuille que je rapièce.
     
                 ***