vendredi 12 mai 2017

Prés et Bois.





Près et bois disent le Printemps,
Les lointains bleus parlent de paix,
Un instant le souci se tait
Et le vent, lui, flâne content.

L’eau joyeuse ruisselle,
La pierre doucement murmure
Et voici des feuilles nouvelles,
A jours nouveaux, neuve parure.

Le soleil qui court,  vagabond,
Dessus la mousse et la bruyère,
Dessus l’ortie et le chardon,
Sourit aux crêtes familières.

Il y a des nuages blancs,
Partout où ce grand ciel s’azure,
Qui vont replets et nonchalants
Dans leur printemps de sinécure.

Et puis il y a deux marcheurs
Qu’il vaut mieux dans ce paysage
Qualifier plutôt de flâneurs
Tant les deux traînent au passage.

                               ***

Pluie d'Automne.





Il pleut au loin sur la forêt,
Et le jardin au hêtre rouge,
Sur la pelouse sans apprêt,
Sur le chemin où rien ne bouge,
Sur le sommet de la montagne
Bleu-gris sur le ciel déjà gris,
Il pleut sur toute la campagne,
Il pleut encore et sans répit.
Il pleut comme il pleut en automne,
Par goût peut-être ou par raison
On dit que cette pluie est bonne
Qui prépare une autre saison,
Et moi, j’écris à la fenêtre
Où glissent les gouttes de pluie
En craignant chacune peut-être
Que soudain je ne les essuie.

                               ***

Un Bon Moment.



(Strasbourg.)
Dans mon esprit, le soir, roulent mille pensées,
Ces riens insignifiants des semaines passées,
Le flux et le reflux et l’écume des jours,
Une brève colère, un regret de retour,
Un succès éphémère, une occasion perdue,
Parmi les frustrations, une joie ambigüe,
Au milieu des soucis, sur un visage un nom,
Pour la même raison, sur beaucoup d’autres, non,
Et pour finir enfin l’ébauche d’un sourire…
Je songe à tout cela dans un désordre pire
Que celui que j’entasse au fond de mes tiroirs,
Et dont je suis heureux qu’on ne puisse le voir,
Le vague et l’important sans cesse s’y mélangent
En une rêverie à tout le moins étrange,
Inutile c’est sûr, sotte certainement,
Mais qui me fait passer un excellent moment.

                               ***

lundi 8 mai 2017

Chanson pour les Ephémères.



(Sully-sur-Loire.)

Refrain des nuits solitaires et grises
Lorsque la rumeur du quartier s’éteint
Et que des ombres indécises
Prennent possession des jardins,

Refrain syncopé des pensées
Qui vagabondent en chemin
Sur les trois notes cadencées
D’une chanson redite en vain.

Façades, balcons monotones,
Qu’importe aujourd’hui vos secrets ?
Ils n’intéressent plus personne,
Nul ne leur trouve plus d’attraits.

Dans le halo d’un lampadaire
On voit danser le tourbillon
De ces insectes éphémères
Pour qui j’écris cette chanson,

Ces quelques lignes anodines,
Plus éphémères qu’ils ne sont,
Sorte d’ariette citadine
Pour rien ou si peu, mais passons ;

Une chanson de compagnie
Dont la nuit reprend le refrain,
Reflets éteints des fenêtres ternies
Aux carrefours que l’ombre étreint…

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dimanche 7 mai 2017

Les Noms.





Des noms défilent un à un
Et plus que ces noms des images
De bourgs, de champs et de villages
-Mémoire d’un plaisir défunt-
Des villes et des paysages
Que j’ai depuis longtemps quittés ;
Un grand soleil de liberté,
Quelquefois l’ombre d’un nuage,
L’ensemble toujours incomplet
De tant de merveilleux voyages
Qu’au fil des mots, qu’au fil des pages,
J’évoque encore avec regret.
Tout refrain n’est que se passage,
Que l’aîné l’apprenne au cadet,
Comme à la chanson ses couplets
Ainsi se succèdent les âges.

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samedi 6 mai 2017

Fantaisie Nouvelle.



(Carnaval de Bâle - Suisse - 2008.)
Louez Saint Bole avec Saint Plet
Qui sont les grands saints à la mode,
Chacun aura ce qu’il voulait :
Louez Saint Bole avec Saint Plet

Quant à Saint Ture, il apparaît
Qu’il serait, lui, aux antipodes,
Pour Saint Cère, qui ne le sait,
C’est un Saint beaucoup moins commode ;
Louez Saint Bole avec Saint Plet
Qui sont les grands saints à la mode.

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vendredi 5 mai 2017

La Chanson du Baladin.


(Château de Sully-sur-Loire - Le donjon.)
Pensez-vous qu’à vivre en rimes
On devienne bien sérieux ?
« Non » dit la foule unanime
Et je ne dirais pas mieux.

Mon satin, mon or, ma joie
Sont tissés des courants d’air
Dont ma bouche est la grand-voie
Et dont ma plume se sert.

La plume fait la volaille
Et le mot pour ce qu’il vaut
Vous offre ce lit de paille
Dont nul bourgeois n’est dévot.

Les poètes sur la terre
Ont plus souvent bu de l’eau
Que du bon vin à grands verres
Et bien mangé, tant s’en faut.

Rutebeuf, François Villon
Comme le pauvre Jodelle,
Pourrait vous en dire long ;
Voyez que la vie est belle,

Magnanime le Destin,
Obligeante la Fortune,
Jusqu’à la fosse commune
Pour le pauvre baladin.

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