dimanche 19 février 2017

Parfois.





Il m’arrive parfois de rêver de Venise
A l’heure où ses palais, ses ponts et ses églises
Se distinguent à peine au milieu de la nuit
Et qu’au bord des canaux aucun reflet ne luit.

Il m’arrive parfois de rêver de galères
Sortant de l’Arsenal et battant pavillon
De la Sérénissime où rugit un vieux lion,
Au temps où les marchands savaient faire la guerre.

Il m’arrive parfois de me revoir aussi
Sur la place Saint-Marc, il y a des années
-Mon amour d’autrefois que faites-vous ici,
Souvenir douloureux, espérance fanée ?-

Il m’arrive parfois d’imaginer le jour
Où, le long des canaux, après ce long détour,
Je serai de nouveau celui que tout étonne,
L’amant émerveillé que Venise se donne.

                               ***        

Au Crépuscule.





Ce n’est pas encor le moment,
L’heure des réverbères
Mais c’est l’ombre que les amants,
Par-dessus tout préfèrent.
L’ombre si pleine de douceur,
L’ombre crépusculaire,
L’ombre grise et sans épaisseur
Et l’espoir pour salaire.

                               ***

vendredi 17 février 2017

Souvenir Hivernal.





A table ce soir là, j’avais mis ton couvert,
Disposé quelques fleurs, ouvert une bouteille,
Je souhaitais que rien ne se mette en travers
Des souvenirs heureux qu’un tel dîner éveille.

C’était un soir d’hiver où la neige tombait
Lente sur les pavés et devant les fenêtres,
Dans nos verres le vin doucement reflétait
La chaleur de la table où tu ne pouvais être.

Que de jours effacés et que de bons moments !
Pour un vague incident, pour de sottes paroles,
Nous nous sommes fâchés, fâchés stupidement.

Nous étions en été, comme les jours s’envolent,
Je ne les compte plus mais ce soir seul vraiment,
Je contemple la neige et la nuit me désole.

                               ***

jeudi 16 février 2017

Regrets de Sienne.





J’écris au milieu de la nuit
Avant qu’un autre jour ne vienne
Tout le regret que j’ai de Sienne
Où j’étais encore aujourd’hui.

De brique rose en marbre blanc
Dessinant une cathédrale
Ou bien la façade ancestrale
De quelque palais somnolent,

Regrets d’une histoire et d’un temps,
Regrets d’un rêve d’Italie,
D’un amour et d’une folie,
D’un mois, d’un jour ou d’un instant.

                               ***



Le Marais.





Le marais redit sans cesse :
L’ombre est ma chanson,
Combien de reflets s’empressent
Parmi les ajoncs ?

Novembre me tisse d’or
Entre ses averses,
L’été lumineux m’endort
Et le vent me berce.

                               ***

mardi 14 février 2017

Encore et Toujours - Chanson de la Saint-Valentin.



(Château de Villandry - Val de Loire.)

Nous nous embrasserons encore,
Nous nous embrasserons toujours,
A l’heure où l’été s’évapore,
A l’heure où l’hiver tourne court ,

Nous nous embrasserons encore,
Nous nous embrasserons toujours,

A notre fin comme à notre début,
En nos moments heureux ou tristes,
Primesautiers ou bien perclus,
D’humeur folâtre ou rigoriste,

Nous nous embrasserons encore,
Nous nous embrasserons toujours,

Dans l’ombre noire des forêts,
Sous le chaud soleil dans la plaine,
Démonstratifs ou bien discrets,
A petits pas, à perdre haleine,

Nous nous embrasserons encore,
Nous nous embrasserons toujours,

Sur un trottoir ou dans un lit,
A la mer comme à la montagne,
Sous le ciel bleu, sous le ciel gris,
Au centre-ville, à la campagne,

Nous nous embrasserons encore,
Nous nous embrasserons toujours,

Toujours autant et toujours mieux,
Encor de loin et même vieux
Et même froids dessous la pierre
Au milieu des ombres altières,
Lorsque ce sera notre tour
Qu’à la fin le temps nous dévore,
Nous nous embrasserons encore,
Nous nous embrasserons toujours.

                               ***