vendredi 21 août 2015

La Fontaine de l'Oubli.






A la Fontaine de l’Oubli
Allez chercher la délivrance ;
Que ce qui fut soit aboli
A la Fontaine de l’Oubli.

Au bord de son miroir poli
Laissez la peine et la souffrance,
A la Fontaine de l’Oubli
Allez chercher la délivrance.

Du point du jour en blanc surplis
Au couchant vermeil et garance
Où l’ombre à venir fait son lit,
Que ce qui fut soit aboli,
A la fontaine d’espérance,
A la Fontaine de l’Oubli.

De cet amour aux traits pâlis
Dont chaque instant fait remembrance
Et de ce bonheur affaibli
Et de ces jours sans assurance,
Allez chercher la délivrance
A la Fontaine de l’Oubli.

Par les sentiers d’itinérance,
Par la jachère et le brûlis,
Pour que hier tombe en déshérence
Et pour que tout soit aboli,
Allez chercher la délivrance,
La fin et le terme accompli
Et la patiente indifférence
A la Fontaine de l’Oubli.

                    ***

jeudi 20 août 2015

Lorsque les Enfants s'en vont...






C’est un matin où se mélangent
Beaucoup de joie et de chagrin
Pour un début et une fin
Mais il est bon que les jours changent.

Car lorsque les enfants s’en vont,
La vie finit et recommence,
Recommence d’autre façon
Mais sans combler ce vide immense !

On beau se dire : c’est bien,
Lorsque le chemin les emmène
On a quand même de la peine,
Ils étaient tout, on n’est plus rien.

On leur souhaite bonne chance,
On se réjouit même avec eux
De leur nouvelle indépendance
Et l’on voudrait pleurer un peu.

                          ***

Le Cycle des Amours Déçues. VIII. Le Poète Mal Aimé.






Vous chanterais-je une complainte ?
A quoi cela servirait-il ?
Vous n’en seriez pas plus atteinte
Qu’un sourd ne l’est d’un mot subtil
Qu’un bègue murmure à distance !
Pour user un peu de mon art,
Vous chanterais-je une romance ?
On ne verrait y prendre part
Aucun trait de votre visage
Car vous ignorez le mot cœur !
Vous écrirais-je une ballade ?
Vous la trouveriez sans valeur,
Sans intérêt, banale et fade,
En en pensant peut-être pire !
Mais si de moi rien ne vous plaît
Et si nul vers ne vous attire,
Si vous me trouvez sot et laid,
Pourquoi devrais-je vous écrire ?

                         ***

dimanche 16 août 2015

L'Echange.






Il n’y avait que ce chemin
Du quotidien, qu'on vit chacun,
Il n’y avait qu’un point de vue,
Qu’une vision, qu’un seul moyen
Et que l’horizon d’une rue.

Et la rivière et le torrent
Et la mer tout comme le vent
Brillaient ici par leur absence,
La plaine et les bois et les champs,
Tous, étaient à peine un silence.

Il n’y avait, en somme, rien,
Rien de plus que ce contient
Un mot en matière de lettres,
Le papier était le seul bien
Qu’ici l’on pouvait se permettre…

Et puis, et puis, et puis voilà,
L’océan qui passait par là
Accompagné de la montagne
Que ce spectacle désola,
M’ont offert, je crois que j’y gagne,
Tout ce qu’on sait de l’horizon,
L’âpre goût des quatre saisons,
Loin de mes châteaux en Espagne,
La vie au lieu de la raison
Et cette chanson pour compagne.

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samedi 15 août 2015

Vision.






Un cheval blanc galope dans la nuit
A l’heure où les rêves s’endorment,
J’ai vu passer sa robe argent sous l’orme
Auprès du vieux réverbère qui luit.

Ses fers sonnaient sur le pavé de pierre,
Refrain d’un chant d’errance et de lointains,
L’ombre dansait à travers sa crinière,
Nacre de lune, arabesque d’étain.

Au bruit de ses sabots, dedans la ville,
Chaque maison en soulevant son toit,
Le saluait d’une phrase civile
Et lui, que cherchait-il ? Qui, sinon, toi ?

Tous les murs s’écartaient et tous les squares,
Fuyant vers l’horizon, devenaient bois
Et même on vit au bout du champ de foire,
Devant lui, fuir une biche aux abois.

                          ***