mardi 11 juillet 2017

Et bien dansez maintenant...



(Abbaye de St-Benoît sur Loire - Loiret.)

Un petit pas à gauche, un petit pas à droite ;
Ô ma langue surtout, surtout tenez vous coite !
Puis un pas en arrière et un pas en avant ;
Dormez mon jugement, vous jugez trop souvent !

Toujours en souriant poursuivez cette ronde
Qui fait tourner en rond beaucoup, beaucoup de monde,
Marquez bien la cadence et soyez attentif :
Tout en changeant de sens on garde le pied vif,
Dans celui-ci, dans l’autre, allez on virevolte ;
Dansez tout en sachant ce que danser récolte
Et que danser ainsi sur un peu tous les tons,
Dans un peu tous les sens n’est pas si neuf au fond.

Mais danser est plaisant et s’agiter est drôle,
C’est en se récréant se donner le beau rôle,
Poursuivez seulement, dansez avec entrain,
Comme vous dansiez hier vous danserez demain !

                               ***        

lundi 10 juillet 2017

La nuit, la vraie...





Voulez-vous connaître la nuit, la nuit
D’antan que nulle ville n’édulcore,
Voir les champs bleus sous la lune qui luit
Où l’enchanteur cueille la mandragore ?
Voulez-vous suivre le chemin d’argent
Qui tourne et tourne en rond jusqu’à l’aurore ?
Voulez-vous entendre au lointain du vent
Le chant triste et rempli d’amour encore
De la Belle à demi femme et serpent ?
Et voulez-vous apercevoir les fées
Effleurant à peine les gris arpents
D’un pré brillant de perles de rosée
Où court leur ronde légère et sans fin ?
Dites, voulez-vous connaître la nuit ?

Alors que l’on m’entende et qu’on se lève !
Venez, je ne suis pas un aigrefin,
Venez, ai-je l’air de n’être qu’un rêve ?
Bien sûr, il y a l’ogre et le géant,
Les feux-follets et puis l’Homme Sauvage,
Le calvaire…Et que pensiez-vous,  céans,
Que vous puissiez rencontrer au passage 
Sinon le silencieux cavalier noir
Qui vous prend toujours volontiers en croupe ?
Vous irez vite où ni matins ni soirs
Ne comptent plus : à la flamme, l’étoupe !
Allons, voulez-vous connaître la nuit ?

Mais non, mais non, pas la vôtre, la vraie,
Celle de l’ombre du meneur de loups,
La nuit de la chouette et de l’orfraie,
Celle d’ici, celle qui vaut dessous ?
Venez, venez, suivez la Dame Blanche
Et trouvez le trésor du souterrain
Mais avant l’aube ou gare à sa revanche :
Vous y mourrez de peine et de chagrin.
Alors, voulez-vous connaître la nuit ?

Acquiescez seulement, je vous conduis. 
Nul ne répond. Faut-il bien que j'attende ?
J’ai beau me répéter, nul ne me suit ;
Se pourrait-il que pas un ne m’entende ?
Bon voici l’aube, il est temps, je m’enfuis.

Mettre une odeur de souffre à la demande…

                               ***        

dimanche 9 juillet 2017

Demain, au long des routes.



(Chapelle St-Sébastien - Dambach. Alsace.)

Le calme est ma seule richesse
Qu’avec grand-peine je retiens
Dans ce monde où les jours se pressent
Mais ne vous laissent rien.

Un rayon dans le crépuscule
Ou dans la brume du matin,
Ces instants, s’ils sont minuscules,
M’évoquent un bonheur sans fin.

Et plaise à Dieu que je les goûte
En toute liberté bientôt,
Menant mes pas au long des routes
Comme au fil des pages les mots.

                               ***

Banalités crépusculaires.




Heure du soir, instant rêvé,
Le ciel est d’un bleu délavé,
Un ciel lointain à deux étages
Où des flocons de gris voyagent
Et plus haut, d’autres, blanc et rose,
Beaucoup plus lents qui se reposent
Aux derniers rayons du soleil.
Trois pigeons qui tiennent conseil
Sur le rebord d’une gouttière
Que quelques lucarnes égayent,
Aveugles, rigides et fières,
Regardent passer deux corneilles.
Je vois un chat se dépêcher,
Déjà le soleil s’est couché ;
Il ne reste que moi, des ombres
Et, là-haut, les nuages sombres.

                               ***

samedi 8 juillet 2017

Le Cycle des Amours Déçues - VI - Les critères de l'amour.



(Mascaron du "kleine Metzig", les "petites Boucheries" - 1901. Strasbourg.)

L’amour n’est pas que de mots doux,
Il en faut aussi de mordants
Mais pas d’injures, pour le coup
Je me ferais malentendant !

L’amour n’est pas un sucre d’orge !
Il faut lui donner la réplique,
Parfois le couteau sous la gorge,
En lui renvoyant une pique.

L’amour n’est pas un soliloque,
Ni le silence qu’on partage,
Il peut avoir le cœur en loques
Et les hurlements de la rage.

L’amour n’est jamais discourtois,
Vulgaire, hypocrite ou grossier,
Il peut être bête parfois
Mais on l’a si vite oublié !

L’amour n’est pas une posture
Et l’amour n’est pas une loi
Ou sinon c’est, je vous l’assure,
Un amour de mauvais aloi !

                               ***

Fin de Saison.



(Jardins de l'abbaye de Vaucelles - Nord.)
Le soleil s’adoucit, hier il faisait ripaille,
Dans les lointains grisés des midis vaporeux
Tous les champs moissonnés étincellent de paille,
Les ombres ont noirci, le ciel est encor bleu.

Au charme un éclat d’or, au hêtre un reflet rouge,
Les marronniers sont roux autant qu’arbre peut l’être ;
C’est le meilleur moment, la plus belle saison
Et la mélancolie y serait sans raison.

Je m’assieds sur un banc comme à l’accoutumée,
Le vent demeure doux aux branches costumées,
L’heure s’en va tranquille et toujours incertaine,
Je goûte cet instant et les phrases sont vaines.

                               ***