mardi 20 juin 2017

La mer.



(Saint-Malo, le fort National anciennement fort Royal.)

Je regarde la mer aux mille teintes
Et le vent gémissant souffle et s’éreinte
Au bord déchiqueté de rochers noirs
Où le soleil, déjà, gagne le soir.

La mer blanchit aux bords de l’estuaire,
La houle dit, qui ne saurait se taire,
Le chant du monde aux jours d’avant les chants
En cette antienne au refrain incessant,

De l’horizon au profond de l’abime,
Un chant né juste après le second soir.
J’écoute et comment l’imiter ? Mes rimes
Où donc trouveront-elles ce pouvoir ?

Là-bas sur l’horizon le jour vacille,
J’observe d’une plage au sable gris
La mer au loin qui danse et qui scintille,
La mer changeante aux mille coloris,
L’indifférente mer, la mer immense,
La mer d’où vînt la première cadence
Ancêtre du poème et son esprit.

                               ***

samedi 17 juin 2017

Une pensée.



(Saint-Malo - 2012.)


C’est à vous que je pense et vous n’en savez rien,
Le vent vient de la mer et la vague se brise,
Ecume inassouvie au bord des plages grises ;
Ma plume tisse encore et toujours notre lien.

Je ne veux pas laisser ce qui fut vôtre et mien ;
A quel renoncement vous êtes-vous soumise
Pour oublier ainsi ce qui eut tant d’emprise
Sur nos mots et nos jeux et prendre ce qui vient ?

Je regarde le large où le soleil poudroie
En embruns de lumière où le printemps se noie ;
Le ressac est puissant, les ajoncs ont fleuri.

Au bord de l’horizon où fuit votre silence,
En regardant le ciel,  c’est pour vous que j’écris,
Et, vous n’en savez rien, c’est à vous que je pense.

                              ***

jeudi 15 juin 2017

Encore et toujours.



(Sully-sur-Loire.)

Rêverie éveillée aux bons soins de l’instant
Entre ce que l’on voit et ce que l’on attend…

J’ai ma maison là-bas, aux rives de la Loire,
Pour le plaisir des lieux et le fait de mémoire,
Pour la rose trémière aux allées du jardin,
Pour le vent murmurant aux souvenirs enclins.
Et sous les peupliers,  au fil du paysage,
J’aime sur l’horizon regarder les nuages,
Compter le temps qui passe à l’aune de l’enfui
Et me distraire enfin de tout ce que je puis.

Au fond du cœur toujours la même image ;
Encor les mêmes mots dessus la même page...

                               ***        

mercredi 14 juin 2017

Sur une demande qu'on me fît pour aller promener...



(Strasbourg - Parc de l'Orangerie.)

Non, je n’ai pas le temps de vous suivre, Madame ;
En artiste assidu je dois faire mes gammes
Et comme d’autres font, au clavier d‘un piano,
Je dois semblablement m’exercer en ces mots,
 D’un effort quotidien honorant la constance,
Compter l’alexandrin et dévider les stances.
Je le dois d’autant plus que j’ai peu de talent,
L’inspiration très courte et surtout l’esprit lent.
Je paye de ce prix la possession d’un songe
Dont je ne voudrais point qu’il devînt un mensonge
Me ravalant soudain au rang d’un cabotin,
D’un lâche vaniteux, en somme d’un crétin !
Enfin, en refusant aux neuf sœurs cette dîme,
Je perdrais à bon droit, Madame, votre estime ;
Vous penseriez de moi : « ce n’est qu’un étourneau »
Et je subirais là le pire de mes maux.

                               ***

mardi 13 juin 2017

Obscur.





Je m’en vais dans la nuit obscure,
Est-ce votre rêve ou le mien
Qui nous conduit à l’aventure ?
Je m’en vais dans la nuit obscure.

L’instant qui se prolonge et dure,
En son mirage nous retient ;
Je m’en vais dans la nuit obscure,
Est-ce votre rêve ou le mien ?

                               ***