(Strasbourg - Parc de l'Orangerie.) |
Non, je n’ai pas le temps de vous suivre, Madame ;
En artiste assidu je dois faire mes gammes
Et comme d’autres font, au clavier d‘un piano,
Je dois semblablement m’exercer en ces mots,
D’un effort quotidien honorant la constance,
Compter l’alexandrin et dévider les stances.
Je le dois d’autant plus que j’ai peu de talent,
L’inspiration très courte et surtout l’esprit lent.
Je paye de ce prix la possession d’un songe
Dont je ne voudrais point qu’il devînt un mensonge
Me ravalant soudain au rang d’un cabotin,
D’un lâche vaniteux, en somme d’un crétin !
Enfin, en refusant aux neuf sœurs cette dîme,
Je perdrais à bon droit, Madame, votre estime ;
Vous penseriez de moi : « ce n’est qu’un étourneau »
Et je subirais là le pire de mes maux.
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