Il y a cinq
mille ans que le monde est ce monde
Qui fait se
côtoyer le saint avec l’immonde,
Un cloaque
d’horreurs, des trésors de beauté,
Des chefs-d’œuvre
d’amour, des haines sans compter,
Un empire
qui naît et des dieux qui s’effondrent,
Un monde où
l’on adjoint à l’unique le nombre,
Le bavard
pour penser au muet pour répondre,
La plume de
l’étude au fer pour la ruiner,
L’étroitesse
d’esprit au talent étonné,
La jeunesse du rire à la tristesse âgée,
La jeunesse du rire à la tristesse âgée,
Et l’enfer
du volcan à la cime enneigée;
Il y a cinq
mille ans que le mot trompe et ment,
Qu’il apaise
la peine et calme le tourment,
Que le
ciboire assiège et que le glaive prie,
Que la
bêtise et l’or n’ont aucune patrie,
Que l’heure
enfuie est belle et la suivante aigrie
Et qu’on
voit s’opposer prophètes de malheurs
Et champions
du plaisir, insouciants et farceurs ;
Il y a cinq
mille ans que le meilleur décline
Et que le
mieux pourtant pour demain se dessine.
***