mercredi 9 mars 2016

Le Jardinier Cynique.






Un rayon de soleil sur une flaque d’eau,
Fin des mois froids, autre saison,
Si j’en souris, me mettrai-je l’Hiver à dos ?
Allons, voyons, serait-ce une bonne raison ?

Restons discret car ce vieillard est irascible
Et je ne voudrais pas qu’il recouvre de neige
Les roses que j’attends ou qu’il prenne pour cible
Les fleurs de mon verger ; s’il gelait qu’y ferais-je ?

De la prudence donc et s’il doit radoter
Quelques matins glacials, quelques midis brumeux :
« Vous restez bien tout ce que vous avez été »
-Dirons-nous- «Cher grand- père Hiver, c’est merveilleux ! »,

En  attendant, patients, qu’un matin de lumière,
Un matin de douceur, un matin d’hirondelles,
Le Printemps ne l’envoie enfin au cimetière
Sous les rires heureux de ses anciens fidèles…

                             ***

mardi 8 mars 2016

Après Tout...







Le soir tombe, grisâtre, après tout c’est l’hiver
Et l’hiver n’est pas gai, du moins c’est ce qu’on pense.
Il est de givre, il est de froid et d’arrogance,
Il est de jours obscurs, de tristesse au travers,
Il est de neige et de grésil et de brumes humides
Mais s’il est tout cela, après tout c’est l’hiver.

Il est de champs déserts et de campagnes vides,
De sol dur sous le gel et de vague chagrin,
Il est de solitude à l’horizon livide,
De forêts sans feuillage et de sillons sans grain,
Il est d’ombre et de nuit, de vent et de froidure,
D’inexistants midis, de cieux toujours couverts,
Mais s’il est tout cela, après tout c’est l’hiver.

Est-ce tout ce qu’il est ? Une voix me murmure
Qu’il est également – est-ce important cela ? –
La bouilloire qui chante et l’arôme d’un plat,
Et l’âtre qui rougeoie et la nuit sinécure,
La pénombre où s’endort le reflet ou l’éclat,
Et les heures de paix et les heures sereines,
Et la douce chaleur et la vie à couvert,
L’intermède et le temps qu’un même songe entraîne
Dont il faut dire aussi qu’après tout c’est l’hiver.

                            ***
 

lundi 7 mars 2016

Leçon D'Amour.






Il n’y aura jamais d’amour
Que celui qu’on veut bien, ma mie ;
Au pire où le désir accourt,
Au mieux où se tisse la vie.

Tout le reste est fumisterie,
Tout le reste est rodomontade,
Songe, illusion, plaisanterie,
Mirage, broutille ou passade.

Et quant à la compréhension,
Il n’y en aura jamais guère
Plus qu’il n’en faut pour la passion :
Ce n’est pas plus que pour la guerre.

Allons, ne grincez pas des dents,
Vous avez l’âge de raison :
Quant aux amours, depuis Adam,
On n’a pas changé de saison.

                 ***
 

dimanche 6 mars 2016

De la Poésie.





Des rimes à passer le temps,
Des mots fourre-tout simplement,
Quelque chose d’une berceuse
Ou d’une chanson paresseuse
Qu’on fredonne sans y penser.
Un rythme à ne pas se presser
Qui descend, monte et se dévide
Entre doucereux et acide,
Entre insouciant et solennel,
Entre bon-enfant et formel !
Un jeu sans grandes conséquences,
Mêlé de ruse et d’innocence,
De mensonge et de vérité,
De rêve et de réalité,
De mots féconds, de mots stériles,
De nécessaire et d’inutile.

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samedi 5 mars 2016

Excursion Hivernale.





L’Hiver est teint de neige et de feuillages roux,
De bleus lointains au sommet des montagnes
Et de ruisseaux brillants cachés dans la campagne
Qu’en regardant au loin on découvre d’un coup.
L’Hiver est teint de brume où le soleil s’irise
Au hasard d’un nuage à peine effiloché
En écharpes de soie et de dentelle grise
Par-dessus la colline, au-delà du clocher.
L’Hiver est teint de glace et de chemin de pierre
Où chaque pas résonne à son tour sèchement,
L’Hiver est teint de mousse aux deux bords des ornières
Et de mots hors d’haleine emportés par le vent.

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