mardi 14 juillet 2015

Le Lampadaire.






Au fond de la nuit, solitaire,
J’écris dessous un lampadaire
Des vers au frais de la cité ;
Dans la tiédeur des nuits d’été,
Au fond de la nuit, solitaire.

Sans réfléchir et sans compter
Et sans toujours trop inventer,
J’écris dessous un lampadaire.

Des vers, mais pour quoi raconter ?
S’ils ne parviennent pas à plaire,
Si nul n’est là pour écouter ?
Ah,  j’aime écrire et tant qu’à faire,
Au fond de la nuit, solitaire,
J’écris dessous un lampadaire.

                     *** 

lundi 13 juillet 2015

Pluie d'Eté.





Un rêve d’été se termine
Au bruit tranquille de la pluie
Paisible en sa mélancolie
Où le soir déjà se devine.

Je ne m’en serais pas douté
Mais ce qui fut n’a pas été.

L’odeur de la terre mouillée
Monte doucement de la rue
Et la nuit lente s’insinue
Par la fenêtre entrebâillée.

En tout ce temps qu’aurais-je appris ?
Que l’ombre efface les écrits.

J’aime cette heure de grisaille
Où noircit là-bas le feuillage
D’immenses platanes sans âge
Obscurs et presque un peu « canailles ».

Voilà que hier me fait défaut ;
Je prends demain pour ce qu’il vaut.

Et maintenant qu’il fait nuit noire,
Le vent se promène en silence;
Minuit s’appelle : « indifférence »,
L’aube se lève sans mémoire.

                ***


dimanche 12 juillet 2015

Cuisine de Fin d'Année.






Ami, quelles sont les nouvelles ?
L’an s’achemine vers sa fin,
L’appartement sent le sapin
Et la cuisine, la cannelle.
On parle fêtes et festins
Et le regard des enfants brille
Et l’on s’affaire à quatre mains
Du haut en bas de la famille.
Et les jours se font impatients
Et même il devient nécessaire
Si l’on n’est pas un inconscient,
La nuit, de poursuivre et parfaire
Tous les joyeux préparatifs
Que ces solennités exigent.
Parler c’est rester inactif,
Pardon si je vous désoblige
Mais je retourne à mes fourneaux,
A mes menus, à mes emplettes,
A mes gratins, à mes gâteaux
Car il faut que je les complète !

                     ***

Canicule II.






Je ne parviens pas à tirer quoi que ce soit
De mon cerveau, de mes dix doigts
Et tout le jour, c’est ridicule,
Je dois dormir pour combattre la canicule.

Je n’arrive pas à penser, je ne fais rien,
Ce n’est pas bon, ce n’est pas bien !
Je transpire et me liquéfie ;
Faire trois pas ? C’est bien en vain qu’on m’en défie !

Au mieux, je m’en réjouis, je puis rester assis,
Le regard dans le vide, ainsi,
En laissant les heures en friche
Comme si je n’étais, au fond, qu’une potiche.

Et quand enfin, trempé, je parviens à la nuit,
Que le soleil enfin s’enfuit,
Qu’un petit vent parfois s’éveille,
Plus qu’épuisé, moi, je me couche et je sommeille…

                                ***

Midi en Espagne.







Le temps s’écoule à sa façon :
Il parcourt la nuit d’une traite,
Il va, le jour, en limaçon,
A la midi  même il s’arrête
Et des arbres de fer forgé
Bordent les grandes places vides
Que longent seuls des étrangers.
Tout au bout des champs d’ocre aride
Il pousse des sommets bleutés,
De vagues feuillages se grisent
De la poussière de l’été.
L’octogone clair d’une église
Veille sur un cloître roman,
Un filet d’eau bruit doucement…
Les lacets d’une route gagnent,
Au flanc désert d’une montagne,
La fournaise d’un ciel d’Espagne.

                      ***