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samedi 4 mai 2019

Ce mois de Mai.



(Île d'Ouessant - Bretagne.)
Je lève une coupe fictive
A votre santé mes amis
Et ma joie est un peu chétive ;
Ce mois de Mai, le vent gémit.

Il pleut mais c’est une habitude
Des printemps que l’on voit ici,
Nous avons toute latitude
D’y réfléchir à nos ennuis ;
Ce mois de Mai, le vent gémit.

Lorsqu’il me revient des nouvelles
De celui-là, de celui-ci,
Je comprends bien que nos chandelles
Vont se consumer sans merci ;
Ce mois de Mai, le vent gémit.

Je puis songer à nos voyages
Mais je sais bien qu’ils sont finis,
Pour vous le dire sans ambages,
Notre horizon a rétréci ;
Ce mois de Mai, le vent gémit.

Mais voici que la nuit arrive,
Mieux vaut arrêter ce récit,
La peine est quelquefois bien vive ;
Ce mois de Mai, le vent gémit.

                               ***       

mercredi 3 avril 2019

Feu la lettre.




Infatigable, la plume
Couvre une feuille de papier ;
C’était autrefois la coutume
Quand on répondait au courrier.

Des farfelus prétendent même
Qu’à cette époque on s’en servait
Pour ce qu’on nomme des poèmes
Sans qu’on sache trop ce que c’est.

Cette feuille il fallait la mettre
Dans un étui pour l’envoyer,
Le tout s’appelait une lettre :
C’est archaïque et oublié.

Il paraît qu’on aimait s’y dire
Mille choses tranquillement
Et que l’amour savait écrire,
Je me demande bien comment…

Ce brave homme que je regarde
S’occuper à tracer des mots
A l’heure où plus rien ne se garde
M’apparaît bien « hors de propos ».

                               ***

samedi 12 janvier 2019

Le chant de l'aïeul.




Chante-moi le chant des faucheurs
Du temps que l’on fauchait encore,
Chante-moi le chant des vanneurs
Qu’aujourd’hui tout le monde ignore.

Chante-moi le chant des marcheurs
Du temps qu’il n’y avait aux routes
Que ce genre de voyageurs
Et quelques cavaliers sans doute.

Chante-moi, veux-tu, la fraicheur
De l’aube au cri de l’alouette,
Le souffle des soirs de langueur
  grinçait une girouette.

Chante-moi le ciel enjôleur
De ces étés vibrants d’étoiles
Où les grillons sont pleins d’ardeur,
Où l’amour retire ses voiles.

Chante-moi l’immense bonheur
Où ma vie ancienne s’avance
Faite de paisible lenteur
Qu’agrémente autant de silence.

                               ***

vendredi 28 septembre 2018

Le silence bavard.




Rien n’est moins silencieux que le silence
Dans un appartement trop familier.
Un bibelot vous fait la révérence
Et vous raconte un moment oublié,
Sur les rayons de votre bibliothèque
Tel livre hors d’âge évoque vos parents :
Et que ce soit Nerval ou bien Sénèque 
Combien de voix murmurent dans ces rangs 
Fragiles et glorieux de leur poussière ?
Ils réveillent l’écho des soirs anciens
De discussion dans la douce lumière
De cette lampe en faïence de Gien
Qui par hasard a conservé sa place
Et je pense, songeur – suis-je à blâmer ? –
Mais toi, miroir, conserves-tu la trace,
Sans en parler, des visages aimés ?

                               ***