mardi 20 juin 2017

Pauvre métier.

(Frise de l'église d'Assier - Lot.)

Je ne connais qu’un seul métier,
C’est de chanter au long des routes
Tentant de plaire ou d’égayer,
Mais pas un passant ne m’écoute.
Pas un ne me donne un liard,
Du pain, ne fut-ce qu’une croûte,
Et tant qu’à vivre de déroutes
J’aurais mieux fait d’être pillard ;
Ce que l’on forge sur l’enclume
Quand on veut aller guerroyer,
Plus que ce que trace la plume,
Vous offre de quoi festoyer.
Si j’avais une hallebarde
En main et l’épée au côté
Au lieu du luth des pauvres bardes
Je serais beaucoup mieux traité.
Un ruffian que l’on mécontente
Se change vite en assassin,
Mais de ce qu’un poète chante
Qui s’en soucie, hormis les saints ?
Et Dieu peut-être quelquefois
Lorsque les affaires du monde
Où si souvent la guerre gronde
Lui laisse le temps d’un tel choix.
Mais si les saints ont de l’oreille,
Voire le Seigneur de surcroît,
Je n’en ai, quand je me réveille,
Pas beaucoup moins ni faim, ni froid.

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