mardi 17 janvier 2017

Un Piano.





Ce ne sont dans la nuit tranquille
Que quelques notes de piano
Qu’on dirait un peu malhabiles
Mais qui parlent plus que des mots.

Sur des touches mélancoliques
Un air mille fois entendu
Et pour lui donner la réplique
Des jours passés, des lieux perdus…

Ces notes qui courent les rues
Ne savent pas qui les entend,
Mémoire oubliée ou relue,
Elles s’en moquent tout autant.

Décidément la nuit est belle,
Le piano reprend lentement ;
Qui de vous sait ce qu’il rappelle ?
Peut-être un prénom seulement…

                               ***

samedi 14 janvier 2017

"Parlez-moi d'Amour..."





Dites-moi donc qui les retient
Ces mots d’amour que l’on essaime ?
Nouvel amour et mots anciens,
Tous les vers qu'on fit sur ce thème
A la fin se ressemblent bien :
Aux plages de nos matins blêmes
Comme la vague s’en revient
Toute autre en demeurant la même.

Et c’est toujours et tout et rien,
« Port-Royal » autant que « Thélème »,
De tous temps et du vôtre au mien,
Flamme ou glaçon, gravier ou gemme,
Rose ou chardon, tendre ou vaurien,
Parcimonieux ou bien extrême,
Lumineux, lourd, sombre, aérien,
De bombance ou bien de carême,
C’est encor l’amour, j’en conviens !

                                ***

vendredi 13 janvier 2017

Le Désert Blanc.



(Canal du Rhône au Rhin - Plobsheim.)
 


Il neige depuis l’aube, il neige obstinément
A tout ensevelir jusqu’au sommet des arbres
Et ce jour sans couleur unit lugubrement
L’ombre du cimetière et la rigueur du marbre.

Il neige à gros flocons paresseux, lourds et lents
Où la nuit s’insinue, où le froid s’amoncelle,
Où ricane l’Hiver dans la plainte du vent,
Au bord glacé des toits où l’obscurité gèle.

Et rien n’existe plus des hommes et des dieux
Dans ce grand désert blanc où le temps tourbillonne
Sur la campagne morte au givre monotone
Et sur ces bois noircis égratignant les cieux.

                               ***

mercredi 11 janvier 2017

Le Sens de la Vie.



(Musée de l’Oeuvre Notre-Dame - Strasbourg.)


On voudrait faire un geste,
Peut-être écrire un mot
Et voilà que l’on reste,
Comme inerte, au repos.

Et le sens vous échappe
Tant des mots que du temps,
Leur vanité vous frappe
Et leur bêtise autant.

On sent bien que les pires
Sont les plus solennels
Et l’on a de quoi rire
Devant les plus charnels !

On s’imaginait vivre…
Et tout cela pour ça !
Comme on devait être ivre,
Comme on s’éveille las !

          ***


Conte de Fées.






Cendrillon aujourd’hui resterait Cendrillon
Et Gepetto serait sans pantin ni grillon,
Peau d’Âne rejoindrait la petite Cosette,
Peter Pan grandirait en oubliant Clochette
Quant au Charmeur de Rats il serait ouvrier
Et le Petit Poucet, tout à fait oublié.
A quoi bon vous parler de Riquet-à-la-Houppe,
Des Musiciens de Brême, un remarquable groupe,
Du Roi Bec-de-Corbin ou bien du Chat-Botté ?
Vous n’êtes pas de ceux qui s’en laissent conter,
Ces histoires d’antan -trop simples et trop brèves ?-
Ne vous conviennent plus, vous avez d’autres rêves
Mais c’est bien un peu triste et dommage à la fois ;
Si vous saviez combien de bonheur on leur doit,
Combien se sont assis avec un grand sourire
Auprès d’un lit d’enfant, le soir, pour les lui lire,
Si vous saviez combien de bonheur on leur doit
Et quels beaux souvenirs, comme je le sais moi !

                               ***