mercredi 27 juillet 2016

Fortune.





(Eglise des Jésuites - Molsheim - Alsace.)



Plus que jamais au gré de Fortune
Et, selon, du pinacle au tréfonds,
Sans Espérance, l’inopportune,
En qui trop de faux au vrai se fond.

Tous par monts et vaux et toutes plaines,
Nos pères avant, et nous, allons,
Par les mêmes routes incertaines,
Tous, autres, chaque jour et selon.

Mais en ce, vain sera qui proteste
Car aux dés, lequel prétend au choix ?
Que le Sort ait la main lourde ou leste,
A la coupe offerte chacun boit.

Quand cet aujourd’hui perd, demain donne,
Après-demain reprend ; c’est toujours
Cette unique chanson qui résonne
Sur le chemin qu'on suit... Long ou court.

                               ***                      

jeudi 21 juillet 2016

A M. M. de F. En Souvenir de Verlaine.







Vous aviez les désirs et les volontés
Qui viennent souvent d’une grande jeunesse
Ignorante encore des réalités ;
Regrettez-vous tant vos premières promesses ?

Je n’ai pas été, certes, toute bonté
Non plus que patience, ô rêveur funeste,
Mais le cœur pourtant plein de sincérité,
Loin d’un jugement à condamner trop preste.

Ne voulez-vous donc pas, pauvrette, ma sœur,
Faisant fi d’hier, en lisant cette lettre
Retrouver pour moi votre ancienne douceur
Et ce serait tout comme ou tout près de l’être ?

                               ***                                       

La Danse des Morts: I La Guerre.



(Frise de l'église d'Assier - Quercy.)



Dans un immense hurlement de rage
Qui monte et sans fin s’enfle en mille échos,
La Guerre détruit, massacre et ravage ;
Dans un immense hurlement de rage.

Elle a l’effroi et l’horreur en partage,
Le sang, la mort pour payer son écot ;
Faucheuse de ce champ que rien ne clôt,
Dans un immense hurlement de rage,
La Guerre détruit, massacre et ravage !

                               ***                       

mercredi 20 juillet 2016

Chimère Agreste.






Je profite autant que je puis,
Tant que c’est encore faisable,
De la campagne où me conduit
Mon goût des ombres agréables,
Des soirs et des matins sans nom,
Des vastes horizons paisibles
Où nul espoir ne dira non,
Où nulle heure n’est inflexible.
Je profite autant que je puis
Et tant qu’il en existe encore,
De telle ou telle chimère et je suis
Des sentiers que le monde ignore
Mais que le dieu aux pieds fourchus,
Sous un ciel bleu de porcelaine,
Aima dès qu’il les reconnut ;
Aphrodite, déesse  hellène,
Laisse le forgeron bossu
Forger à ce monde ses chaînes
Et ne me laisse pas déçu
De rêver où tu te promènes.

                               ***                                       

mardi 19 juillet 2016

Deux Noms de l'Amour.



(Laure de Noves - École française XVI è siècle - Château de Chantilly.)


Épouse, époux, quels jolis mots,
Qui disent peu, qui disent trop,
Selon le moment et l’endroit,
Ce que l’on cherche ou que l’on croit,

Selon qu’on a ou que l’on rêve,
Que l’on commence ou qu’on achève,
Que l’on se cache ou se découvre,
Que l’on vous chasse ou qu’on vous ouvre…

Quels jolis mots, au bruit de vent,
Jamais « après » tout comme « avant »,
Janus au millier de visages,
Hermès ou Cerbère au passage…

Oubliez prêtres et devins,
Ne les prononcez pas en vain :
A leur guise, à leur fantaisie
Avoir et perdre sont sosies.

                               ***