mardi 10 mai 2016

Autre Soliloque.







Soliloque nocturne au bras d’un édredon
Ou bien d’un oreiller qui, s’est connu, s’en fiche,
Je gère mon passé, je vis mes abandons ;
Malheureux le pauvre homme et bienheureux le riche.

Puisqu’ils sont tous partis, qu’il ne reste que moi,
A qui d’autre parler si ce n’est à moi-même ?
Je ne sais sur quel ton, mais je sais bien le thème,
C’est encore l’amour mais l’amour sans émoi.

Chaque jour tout au long des Douze de l’année,
A mâcher, remâcher, décrire et rabâcher,
Déplorer, regretter, reprendre et se fâcher,
Dire la même chose à ma page étonnée,

Et dans la nuit profonde où nichent d’autres faims,
De l’éclat d’un regard à celui d’un sourire,
En récapitulant tous les chemins du pire,
Chercher à s’endormir en maugréant sans fin.

                               ***    

    

lundi 9 mai 2016

Un Petit Tour.






Un petit tour en solitaire
Le long d’un quai nommé « Printemps »
A l’heure où le soleil éclaire
Les marronniers d’un feu rasant.

A l’heure où vient le crépuscule,
Un petit tour tranquillement :
Douceur du moment où bascule
Ce jour en demain uniment.

A peine au cœur une pensée
Et quelques pages sur un banc,
Autour, en une heure passée,
Le monde entier en un arpent.

Tout ce qui plaît a sa mesure,
Mais le bonheur n’en connaît pas,
Quand bien même son temps ne dure
Qu’une lecture et quelques pas.

                     ***
 

vendredi 6 mai 2016

Chansonnette de Printemps.






Un petit tour jusqu’au bout du printemps,
De l’herbe verte où fleurit la campagne
Au bleu lointain du sommet des montagnes,
Un petit tour du verger à l’étang.

Aux prés, de boutons d’or en primevères,
Il neige une neige bien peu sévère :
Blanches fleurs de sureau, de merisier,
Fleurs d’aubépine et fleurs de cerisier.

Chaque arbre est repeint de neuve peinture,
Brillantes et neuves couleurs, neuve teinture,
Neuve douceur, nouvel éclat du jour,
Nouveaux projets et nouvelles amours.

Venez, je vous invite à l’aventure
D’un petit tour au mois de Mai,
Au bout de ce que l’on désire, oui mais
Sincèrement et sans littérature.

               ***

mercredi 4 mai 2016

L'Ombre Qui Passe.






L’ombre a passé… Pour un instant :
Un jour, une semaine ou une année ;
Elle a passé comme fait la nuée,
Comme le froid ou l’averse obstinée ;
Ce n’est jamais que pour un temps.

Ce n’est jamais une victoire,
Un armistice et moins encor la paix,
C’est un caprice, une trêve ou un prêt,
Une coupe, une pause, un espoir, un souhait,
Jamais un arrêt de l’histoire !

L’ombre a passé, le ciel est bleu,
Le pain qu’on mange a le goût de la vie,
Le rire existe et l’amour fait envie,
L’heure qui vient ne vous est pas ravie
Et c’est beaucoup en restant peu ;

L’ombre a passé comme les litanies
Mais à jamais ce serait mieux.

                       ***
 

lundi 2 mai 2016

Le Déclin ?






Il y a cinq mille ans que le monde est ce monde
Qui fait se côtoyer le saint avec l’immonde,
Un cloaque d’horreurs, des trésors de beauté,
Des chefs-d’œuvre d’amour, des haines sans compter,
Un empire qui naît et des dieux qui s’effondrent,
Un monde où l’on adjoint à l’unique  le nombre,
Le bavard pour penser au muet pour répondre,
La plume de l’étude au fer pour la ruiner,
L’étroitesse d’esprit au talent étonné,
La jeunesse du rire à la tristesse âgée,
Et l’enfer du volcan à la cime enneigée;
Il y a cinq mille ans que le mot trompe et ment,
Qu’il apaise la peine et calme le tourment,
Que le ciboire assiège et que le glaive prie,
Que la bêtise et l’or n’ont aucune patrie,
Que l’heure enfuie est belle et la suivante aigrie
Et qu’on voit s’opposer prophètes de malheurs
Et champions du plaisir, insouciants et farceurs ;
Il y a cinq mille ans que le meilleur décline
Et que le mieux pourtant pour demain se dessine.

                               ***