dimanche 12 juillet 2015

Cuisine de Fin d'Année.






Ami, quelles sont les nouvelles ?
L’an s’achemine vers sa fin,
L’appartement sent le sapin
Et la cuisine, la cannelle.
On parle fêtes et festins
Et le regard des enfants brille
Et l’on s’affaire à quatre mains
Du haut en bas de la famille.
Et les jours se font impatients
Et même il devient nécessaire
Si l’on n’est pas un inconscient,
La nuit, de poursuivre et parfaire
Tous les joyeux préparatifs
Que ces solennités exigent.
Parler c’est rester inactif,
Pardon si je vous désoblige
Mais je retourne à mes fourneaux,
A mes menus, à mes emplettes,
A mes gratins, à mes gâteaux
Car il faut que je les complète !

                     ***

Canicule II.






Je ne parviens pas à tirer quoi que ce soit
De mon cerveau, de mes dix doigts
Et tout le jour, c’est ridicule,
Je dois dormir pour combattre la canicule.

Je n’arrive pas à penser, je ne fais rien,
Ce n’est pas bon, ce n’est pas bien !
Je transpire et me liquéfie ;
Faire trois pas ? C’est bien en vain qu’on m’en défie !

Au mieux, je m’en réjouis, je puis rester assis,
Le regard dans le vide, ainsi,
En laissant les heures en friche
Comme si je n’étais, au fond, qu’une potiche.

Et quand enfin, trempé, je parviens à la nuit,
Que le soleil enfin s’enfuit,
Qu’un petit vent parfois s’éveille,
Plus qu’épuisé, moi, je me couche et je sommeille…

                                ***

Midi en Espagne.







Le temps s’écoule à sa façon :
Il parcourt la nuit d’une traite,
Il va, le jour, en limaçon,
A la midi  même il s’arrête
Et des arbres de fer forgé
Bordent les grandes places vides
Que longent seuls des étrangers.
Tout au bout des champs d’ocre aride
Il pousse des sommets bleutés,
De vagues feuillages se grisent
De la poussière de l’été.
L’octogone clair d’une église
Veille sur un cloître roman,
Un filet d’eau bruit doucement…
Les lacets d’une route gagnent,
Au flanc désert d’une montagne,
La fournaise d’un ciel d’Espagne.

                      ***

jeudi 9 juillet 2015

Matin d'Eté.






Au soleil, ce matin, que raconte le vent ?

Que la campagne est souriante,
Qu’il fait bon vivre aux mois d’été
Et qu’on peut se laisser tenter
Par plus d’une route accueillante.

Ce sont ses propres mots et voici les suivants :

La forêt est asile et le champ est promesse,
Chaque pas que l’on fait ouvre un autre horizon,
Jouissez de l’instant et vous aurez raison,
Ma course est un bonheur, mon rire une sagesse.

Et puis ceux-ci, joyeux, s’ils ne sont pas savants :

Suivez le cours de la rivière
Ou rêvez au bord de l’étang,
Je vous précède ou vous attend,
Que veut dire le mot « frontière » ?

Ajouta-t-il, heureux, dans le soleil levant.

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mercredi 8 juillet 2015

Au Coeur Battant.






C’est l’histoire d’un rendez-vous,
Un rendez-vous comme il y en a tant,
L’été quand le soir est si doux
Qu’à tout âge on se croit amant.
Et c’est l’histoire d’une attente
Pendant que dansent les lumières
D’une terrasse au bord de l’eau
Fuyant, la nuit à fleur de peau,
Obscure, langoureuse et lente
Dessous l’arche d’un pont de pierre.
Une terrasse presque vide,
Un homme seul devant sa bière
Et la fraicheur de la rivière
Qui s’écoule sans rides.
C’est l’histoire d’un rendez-vous bien obtenu,
D’un rendez-vous jamais tenu,
Un rendez-vous comme il y en a tant
Et d’un jeune homme qui attend
Dans un bistrot, une inconnue ;
Un bistrot comme il y en a tant
A l’enseigne… « du Cœur Battant ».

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