lundi 22 juin 2015

En Attendant la Rose.





Je regarde une rose,
Espérant chaque jour
Qu’à la fin elle éclose ;
Je regarde une rose.

Ce n’est pas de l’amour,
On dira, je le crains,
Que c’est bien peu de choses
Mais d’impatience empreint
Je regarde une rose.

Hélas il est des fleurs
Qui jamais ne s’éveillent
Et dont la beauté meurt
Sans montrer ses merveilles.
Pour quelle étrange peur
Ou pour quelle autre cause
Ainsi font certains cœurs ?
Je regarde une rose…

            ***


vendredi 19 juin 2015

Profession de Foi.






Qu’ai-je à faire ici-bas de vos grandes cités,
Usines du néant, dômes des vanités ?
Ce que j’aime d’abord c’est la forêt ouverte,
C’est le vallon ombreux, c’est la combe déserte
Et le damier des champs où s’enfuit l’horizon,
A hauteur de soleil et à temps de saisons,
Mes heures de labeur, mes heures paresseuses
Que seul rythme le vent de chansons en berceuses,
Le nuage dont l’ombre accourt auprès de moi
Et l’écho suranné qui dort en chaque mois.
Ce que j’aime d’abord c’est ce chemin de pierre,
C’est ce vieux pont de bois dessus cette rivière
Où le jour se raconte en un ciel de reflets
Et la rive sans but où le chardon se plait,
C’est la sérénité, la tranquille assurance
De l’instant où l’on vit d’éternelle ignorance,
Riche seulement d’être, à l’heure des moissons,
Celui qui sait sourire et murmure : « Passons ».

                                ***
 

jeudi 18 juin 2015

Consolations.






Prêtez-moi ce nuage gris,
J’en ferai l’horizon où perce
L’or d’un crépuscule incompris
Qu’une chanson obscure berce.

Prêtez-moi ce rideau de pluie,
Je vous en ferai l’océan
Que parcourt une voile enfuie
Qu’un jour on baptisa « Néant ».

Prêtez-moi cette larme aussi
Afin que j’en fasse un diamant
Que je ferai briller ici
Mieux que les yeux de votre amant.

                     ***

mercredi 17 juin 2015

Trop ou Trop Peu.






Je regarde en moi-même –est-ce encore une honte ? –
L’ombre noire des toits sur le jade étoilé
D’un beau soir silencieux, lorsque la fraîcheur monte
De l’allée endormie et du massif voilé.

Faut-il me condamner en tout ce qu’il me reste
De n’avoir su que perdre et jamais retrouver ?
C’est un poème ancien, c’est une longue geste,
L’ouvrage et le jardin ne sont pas achevés.

Je n’ai pas à choisir Proserpine ou Cybèle,
Non plus la rose rouge ou la fleur du Léthé,
Le fleuve sans mémoire aux blancheurs d’asphodèle,
L’absence du paraître ou les longs jours d’été.

Je ne prononce pas mais mon rêve regarde
Tout au fond de lui-même et sait tout ce qu’il peut,
Ce qu’il a laissé fuir comme aussi ce qu’il garde
Sans savoir aujourd’hui si c’est trop ou trop peu.

                                 ***



Tableau.






On ne voit pas âme qui vive
Auprès du Temple de l’Amour,
Le temps s’est figé sur la rive ;
On ne voit pas âme qui vive.

La toile que rien ne ravive
Fut peinte, je crois, le cœur lourd ;
On ne voit pas âme qui vive
Auprès du Temple de l’Amour.

                  ***