jeudi 20 octobre 2016

La Peine de Mémoire.






Lourde est la peine de mémoire,
Et lourd est le poids du passé ;
Pour l’homme il n’est point de victoire,
Du nouveau-né au trépassé.

De l’or ancien qui bat monnaie ?
Malheur aux souvenirs heureux,
Ce qui fut joie deviendra plaie ;
Qui chantera le songe-creux ?

Mes jours s’en vont mais non mes rêves,
Plus je m’efforce et moins je vais
Car ce que je cherche sans trêve
C’est le bonheur qu’alors j’avais.

Passe l’été, vienne l’automne,
Mon temps déjà s’est fait plus court,
Chaque heure une cloche résonne,
Heureux l’aveugle, heureux le sourd.

Que d’autres gardent l’espérance
Que ce monde s’en aille au mieux,
Pour moi j’ai plus en souvenance
Que vous n’aurez devant les yeux.

                               ***                       

lundi 17 octobre 2016

Ecrits Politiques V - Les Fables.






Que de fables ces temps derniers ;
A rendre jaloux les poètes !

Quel siècle en a tant publié ?
Que de fables ces temps derniers.

Qu’elles marchent à cloche-pied
Ne semble pas troubler la fête,
On vous les serine à tue-tête ;
Que de fables ces temps derniers ;
A rendre jaloux les poètes !

                               ***         

dimanche 16 octobre 2016

Les Gens de Mots. (A Rutebeuf, Villon et tant d'autres...)




Une vertu dont on ne peut
Jamais faire un bon pot-au-feu
C’est une vertu pour jours maigres,
Un pauvre plat, une sauce aigre
Pour ceux qui ne jugent qu’aux biens,
A ceux-là seuls, bien sûr, qu’on tient
Car pour tous ceux que l’on espère
Tant vaut se fier aux chimères.
Ces  gens sont sages et rassis
Et graves et sérieux aussi,
Ils n’ont que faire d’hirondelles,
De poètes, de haridelles ;
Ce ne sont pas des gens de mots
Qui ne savent que faim et maux,
Ils ne sont pas mélancoliques
Vivant au son d’une musique
D’écus sonnants et trébuchants
De la prime aurore au couchant.
Soyez certains qu’un rimailleur,
Pour tels cœurs, ici comme ailleurs,
Vaudra moins que ne vaut le vent
Qui servait aux moulins, avant !

                               ***                 
      

samedi 15 octobre 2016

Esotérique.






Qu’il est bon d’oublier l’espace d’une nuit
Ce que l’on voudrait lire ou même écrire et puis
Qu’aucun siècle n’est grand mais que beaucoup sont tristes
Et que l’on meurt demain, bref que le monde existe.

Qu’il est bon d’essayer de ne plus résister,
D’écouter le silence et de ne rien attendre,
De ne pas réfléchir et de ne plus compter,
De ne plus désirer et de ne rien entendre.

Il n’y a plus de ville et vous n’êtes pas là,
Les volets sont fermés et les pièces sont vides,
Vous n’êtes plus qu’un point dans un univers plat
Qu’on empoche plié, d’un mouvement rapide.

Vous n’êtes plus un soir, pas encore un matin,
Et le ciel n’est qu’un mot que l’on tire à la ligne,
Et la vôtre où la vie écrira le mot « fin »
Vous importe aussi peu que celle que je signe.

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jeudi 13 octobre 2016

Le Cycle des Amours Déçues - XXIV: Le Vieux Galant.






Vous qui passâtes dans ma vie
Comme vous passez dans la rue,
Désirables mais inconnues,
Sachez combien je porte envie
Aux jours passés qui ne sont plus
Et comme je plains aujourd’hui
Les uns pour n’avoir été vu
Et le dernier pour l’âge enfui.
Ma parole peut sembler crue,
Jeunes gens n’en faites pas fi,
Vous plaindrez le temps sans merci
De ne l’avoir autrefois crue,
Et vous direz plein de dépit
Devant tant d’occasions perdues,
Je l’avais à temps entendue,
Le sot fit mal mais j’ai fait pis.

                               ***                       

Les Larmes de la Nuit.






Larmes aveugles de la nuit
Que nul ne voit ni ne console,
Au malheur du jour une obole
Qu’aucun secours jamais ne suit,

Témoignages vite détruits,
Discrets secrets que nul ne vole,
Larmes aveugles de la nuit
Que nul ne voit ni ne console,

Le chagrin d’hier ou d’aujourd’hui
Je voudrais d’un mot qu’il s’envole ;
Vous valez bien cette parole
Perles que la peine conduit,
Larmes aveugles de la nuit.

                               ***