lundi 1 août 2016

Là-bas.






Là-bas, là-bas, disent en vain les vagues
Qui reviennent sans fin pour mourir sur la plage
Sous ce ciel gris lointain où l’écume divague
Dans le vent impérieux et le parfum des algues
Où le sel des embruns vient broder son message.

Cet impalpable goût des jours de liberté
Où toute entrave tombe où tout devient possible,
Avec en bruit de fond et pour y persister,
L’infini du ressac toujours inaccessible
Comme les mil versets d’une éternelle bible.

                               ***        

vendredi 29 juillet 2016

Le Tournant de l'Eté.






Vendredi de la nuit d’été
Où beaucoup fêtent leurs vacances,
Bouts de chants, éclats de gaieté,
Peut-être même que l’on danse,
Vendredi de la nuit d’été,

Au bord d’un balcon de pénombre
Il fume une tasse de thé
D’ambre roux sur la pierre sombre ;
J’ai posé ce songe à côté
Au bord d’un balcon de pénombre,

Juste avant que toute beauté
Quitte nos villes et nos vies
Tout ainsi que nous ont quitté
L’insouciance et la rêverie
Au tournant même de l’été.

                               ***                       

jeudi 28 juillet 2016

Réponse aux Sonnets sur la Mort de Monsieur Jean de Sponde (1557-1595).






En ces très beaux sonnets qu’il a faits sur la mort,
Quoiqu’il pense servir la majesté divine
En rabaissant nos jours au peu qu’il nous dessine,
Je suis sûr de cela, Monsieur de Sponde a tort.

Lorsque nous prions Dieu, nous Le prions encor
En disant « Notre Père », au moins je l’imagine ;
Qui peut croire un instant que ce père destine
Aux siens dès qu’ils sont nés le plus triste des sorts ?

Et nous, fort maltraités, vivrions notre vie
Ayant pour but unique et pour unique envie,
Tant ce qu’elle offre est laid, de la perdre au plus tôt ?

Allons, Monsieur de Sponde, il faut vous y résoudre,
Ou le Seigneur est bon, nos jours sont un cadeau,
Ou bien votre credo n’est que vent et que poudre !

                               ***                                    
   

mercredi 27 juillet 2016

Fortune.





(Eglise des Jésuites - Molsheim - Alsace.)



Plus que jamais au gré de Fortune
Et, selon, du pinacle au tréfonds,
Sans Espérance, l’inopportune,
En qui trop de faux au vrai se fond.

Tous par monts et vaux et toutes plaines,
Nos pères avant, et nous, allons,
Par les mêmes routes incertaines,
Tous, autres, chaque jour et selon.

Mais en ce, vain sera qui proteste
Car aux dés, lequel prétend au choix ?
Que le Sort ait la main lourde ou leste,
A la coupe offerte chacun boit.

Quand cet aujourd’hui perd, demain donne,
Après-demain reprend ; c’est toujours
Cette unique chanson qui résonne
Sur le chemin qu'on suit... Long ou court.

                               ***                      

jeudi 21 juillet 2016

A M. M. de F. En Souvenir de Verlaine.







Vous aviez les désirs et les volontés
Qui viennent souvent d’une grande jeunesse
Ignorante encore des réalités ;
Regrettez-vous tant vos premières promesses ?

Je n’ai pas été, certes, toute bonté
Non plus que patience, ô rêveur funeste,
Mais le cœur pourtant plein de sincérité,
Loin d’un jugement à condamner trop preste.

Ne voulez-vous donc pas, pauvrette, ma sœur,
Faisant fi d’hier, en lisant cette lettre
Retrouver pour moi votre ancienne douceur
Et ce serait tout comme ou tout près de l’être ?

                               ***