mardi 24 mai 2016

Amants.






Au dernier carrefour, revenons en arrière,
C’est le dernier moment et c’est la dernière chance ;
L’avenir est trompeur et toute règle ment,
Demain parle déjà de notre propre absence.

Écoute ma parole et soyons ces amants
Dont chaque siècle a su murmurer au poète
Dans le souffle du vent un écho de la fête
Où passe quelquefois comme un gémissement.

Soyons,  chacun pour l’autre, et la bûche et la flamme,
La falaise et la mer, la blessure et l’onguent,
Avec l’inassouvi plus que l’extravagant,
Le velours d’une couche et le fer d’une lame !

Laisse la certitude à la rigidité
De ceux dont chaque jour s’écrit dans un vieux livre
Et qui craignent bien moins de mourir que de vivre
Tant ils ont en horreur ce mot de liberté.

Mon destin c’est le tien, identique et contraire
Et le même désir que rien n’assouvira
Battra de son ressac la grève de nos draps
Où le monde renaît parfait et éphémère.

                               ***                                      

dimanche 22 mai 2016

La Lecture.





Je suis au soleil et je lis,
Tout le reste est sans importance :
Les amours tissées d’inconstance
Aux mille souvenirs pâlis,

Toutes les peines encourues,
Ô mon aveugle ange-gardien,
Au hasard des jeux quotidiens,
Et des fortunes de la rue.

Les mots me donnent en aubade
Une promesse d’infini
Où renaissent tous les bannis
De mes espérances maussades.

Le monde se plaît à changer
Qu’écrivent les mots d’une page,
Liqueur des plus nobles cépages
Pour le cœur le plus affligé;

Je lis et rien d’autre ne compte,
Douceur des printemps de mémoire,
Souple étoffe d’or et de moire,
Serais-je ce qu’on me raconte ?

                               ***                                       

jeudi 19 mai 2016

A Tire d'Ailes.






Un petit bonjour du Printemps
Qu’écrit le vol des hirondelles
A tire d’ailes, si gaiement,
Un petit bonjour du Printemps.

Comme autrefois joyeusement
Au nom des jours que je rappelle :
Un petit bonjour du Printemps
Qu’écrit le vol des hirondelles.

                    ***
 

mardi 17 mai 2016

Requiem.






Que vous chanterai-je aujourd’hui
Puisque je sais les chansons vaines
Et qu’il va bientôt faire nuit :
Que vous chanterai-je aujourd’hui ?

Une complainte ? Quel ennui !
Une ronde ? J’en sais à peine.
Un canon ? Seul je ne le puis.
Ou quelque comptine incertaine ?
Un chant d’amour ? L’amour me nuit.
Que vous chanterai-je aujourd’hui
Puisque je sais les chansons vaines ?

Ma foi, peut-être bien ceci.

La minute « d’après » me glace
Où je me vois, ne voyant plus
Puisque en moi je n’ai plus de place
Et qu’il fait froid où mon cœur fût.
Ce cœur qui ne sait plus que j’aime,
Ces mains que l’on dirait de bois
Et ces lèvres qui se sont tues…
Demain je serai à l’étroit
Sous un peu de terre battue,
Que dès lors je ne sois plus rien,
Que sur terre mon nom s’efface,
Puisqu’il le faut…
                               Mais, j’en conviens :
La minute « d’après » me glace.

                               ***                      

vendredi 13 mai 2016

Au Bon Retour.




Peu me chaut les hautes montagnes
Et leurs neiges sous le ciel bleu
Peu me chaut la belle campagne ;
France ? Italie ? A qui les veut !

Horizons lointains, découvertes,
Beautés, naturelles ou non,
Parfums, lumière en pure perte,
Trésors dont j’ignore les noms,

Poussière enfuie au vent qui souffle
Sans me causer le moindre émoi :
Je suis heureux dans mes pantoufles
Au bon retour en mon chez-moi.

Voyez ici comment s’exprime
Ce grand plaisir qui m’est de droit
Lorsque j'en tourne quelques rimes :
Ayant fait tout ce que je dois
Je me réjouis en mon intime
Au bon retour en mon chez moi.

                               ***