jeudi 5 mars 2020

La vieillesse de Pan.



(Ruines près de Volterra, ancienne ville étrusque - Toscane - Italie.)

Aux bords désenchantés du pays d’existence
Où les jours et les nuits s’équilibrent enfin,
Avant que de choisir à l’heure du silence
Ce qu’il faut retenir au terme du chemin,
Le souffle de l’instant a fait vibrer sa lyre
Des échos oubliés aux plaisirs d’autrefois.
Et de l’antique Aulide[1] aux confins de l’Epire[2]
Les troupeaux éperdus ont entendu sa voix.
Nul doute, à mon avis, qu’à son heure dernière
Son chant ne fut plus beau qu’il ne l’était ces soirs
Où le grand Pan[3] joyeux, pourtant dans la lumière,
Tremblait de cet amour qu’il n’avait pu prévoir,
Car il vient un moment où l’amour des bergères
Ne compte plus autant que le dégoût des dieux,
Où les fruits du plaisir ont une écorce amère,
Où tout ce qui fut grand est infiniment vieux.

                               ***


[1] Aulide : région entourant le port d’Aulis en Béotie qui aurait vu le départ de la flotte grecque pour la guerre de Troie.
[2] Epire : région montagneuse de la Grèce du Nord, ancien royaume de Pyrrhus, de la tribu des Molosses, célèbre pour ses coûteuses victoires contre l’armée romaine.
[3] Pan : le dieu des bergers dans la mythologie grecque, on le représente affublé de cornes et de pieds de chèvre, connu pour sa passion des nymphes qu’accessoirement il accompagne dans la danse. C’est à lui qu’on devrait la flûte du même nom et c’est de la peur que son aspect inspire que vient l’expression de « terreur panique ».

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