Partout les vieux murs qui parlent tout bas
Ne peuvent, c’est curieux, se faire entendre
Que des vieillards à cannes et cabas
Qui, par ailleurs, doivent sans cesse tendre
L’oreille à ce que le monde leur veut.
Les gens âgés sourient à ces murmures
De souvenirs qui sont plus âgés qu’eux,
Eux que souvent la solitude mure
Dans un silence à jamais sans aveux.
Désaffecté, c’est un clocher sans cloches,
Une maison, un parc à l’abandon,
Un toit crevé que le regard accroche,
Des rails rouillés qui traversent un pont.
Petites choses de toujours, loin de la gloire,
Quelques rumeurs qui trainent par ici,
La Grande Histoire, non, mais « des » histoires
Et puis des noms qui reviennent aussi.
Semblable et différent, un paysage,
Anecdotes, on-dit, mais si lointains,
Annales d’autrefois, vieilles images,
Bribes du temps d’un pays qui s’éteint.
Vous qui passez en courant votre jeunesse,
Vous l’ignorez et vous n’en saurez rien
Avant que vos cheveux, à l’image des miens,
Ne soient d’argent et qu’en votre vieillesse
Me relisant, peut-être avec tendresse,
Vous vous disiez aussi : « Je me souviens. »
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