jeudi 18 mai 2017

Graines et Moissons.





La graine en son sillon semée
Doit affronter la longue attente
Des mois où la terre patiente
Dessous la froidure enfermée.

L’hiver ne peut pas l’entamer,
Elle ignore le mot « espoir »
Mais quand vient l’heure de vouloir
Chaque printemps la voit germer.

Je voudrais qu’il en fût ainsi
De la joie au fond de nos cœurs
Et même encore que ceux-ci
Soient plus fertiles et meilleurs

Que ne le sont les champs d’ici
Et que nous sachions la façon
D’y faire se lever aussi
De plus opulentes moissons.

                               ***

mercredi 17 mai 2017

Le Début et la Fin.



Un jour votre chemin commence,
Un jour semblable il s’interrompt,
Entre les deux : une existence ;
Un jour votre chemin commence.

De tous ces jours sans ressemblance,
Vous ne savez ce qu’ils seront,
Ou récompense ou pénitence,
Ou le bien, le mal qu’ils feront.

L’un musarde et l’autre s’élance,
Mêmement tous ils s’en iront ;
Un jour votre chemin commence,
Un jour semblable il s’interrompt.

                               ***

Robin et Marion.



(Rodez - Maison dite "d'Armagnac" - XVIe.)

Au pays d’autrefois et des vastes jardins,
Robin aimait Marion, Marion aimait Robin ;
Ils n’osaient se le dire. Pourquoi ?
La peur du ridicule ou celle du dédain
Les faisaient s’éviter. Pourquoi ?
Quand ils furent bien vieux, se croisant un matin,
Ils se dirent trois mots. Pourquoi ?
Trois mots, il était temps, et puis le tout enfin :
Vieux, on hésite moins. Pourquoi ?
En rire puis se marièrent un matin.
Trouvez-vous que c’est bien ? Pourquoi ?

                               ***         

mardi 16 mai 2017

Sans Chansons ni Vivats.





Sur les champs moissonnés
Glisse le crépuscule,
Août a presque passé
Sur les champs moissonnés.

L’été qui vînt s’en va
Sans chansons ni vivats.

Le temps s’est trop pressé,
Voici que tout bascule
Sans avoir commencé ;
Glisse le crépuscule.

L’été qui vînt s’en va
Sans chansons ni vivats.

Hors des chemins lassés,
Vers l’horizon qui brûle,
Sur les champs moissonnés
Glisse le crépuscule.

                               ***

lundi 15 mai 2017

Une Guitare.



(Gérone - La cathédrale.)

Une guitare doucement
A changé cette nuit d’automne en une nuit d’Espagne
Où veillent toujours deux amants,
Alors qu'ici le vent, arpente,  glacé,  la campagne
Et que les bois se dressent nus.
Je rêve un instant que je suis sur une place obscure,
Tous les bruits se sont tus,
Une tiède langueur monte du fond de la nuit pure.
Le ciel est scintillant,
Pourpoint de velours noir semé d’un lointain feu d’étoiles…
Les notes vont s’éparpillant,
C’est un romancero ancien que les accords dévoilent ;
Amour quel est donc ton conseil ?
Au détour du pavé, la brise exhale son haleine,
Si douce encore de soleil,
De fleurs et de rochers, au front des palais madrilènes
Blasonnés d’or et de vermeil
Dont je ne sais, Lazarillo, le nom ni la grandesse ;
Allons que ta guitare joue et qu’elle joue sans cesse !

                               ***