jeudi 18 juin 2015

Consolations.






Prêtez-moi ce nuage gris,
J’en ferai l’horizon où perce
L’or d’un crépuscule incompris
Qu’une chanson obscure berce.

Prêtez-moi ce rideau de pluie,
Je vous en ferai l’océan
Que parcourt une voile enfuie
Qu’un jour on baptisa « Néant ».

Prêtez-moi cette larme aussi
Afin que j’en fasse un diamant
Que je ferai briller ici
Mieux que les yeux de votre amant.

                     ***

mercredi 17 juin 2015

Trop ou Trop Peu.






Je regarde en moi-même –est-ce encore une honte ? –
L’ombre noire des toits sur le jade étoilé
D’un beau soir silencieux, lorsque la fraîcheur monte
De l’allée endormie et du massif voilé.

Faut-il me condamner en tout ce qu’il me reste
De n’avoir su que perdre et jamais retrouver ?
C’est un poème ancien, c’est une longue geste,
L’ouvrage et le jardin ne sont pas achevés.

Je n’ai pas à choisir Proserpine ou Cybèle,
Non plus la rose rouge ou la fleur du Léthé,
Le fleuve sans mémoire aux blancheurs d’asphodèle,
L’absence du paraître ou les longs jours d’été.

Je ne prononce pas mais mon rêve regarde
Tout au fond de lui-même et sait tout ce qu’il peut,
Ce qu’il a laissé fuir comme aussi ce qu’il garde
Sans savoir aujourd’hui si c’est trop ou trop peu.

                                 ***



Tableau.






On ne voit pas âme qui vive
Auprès du Temple de l’Amour,
Le temps s’est figé sur la rive ;
On ne voit pas âme qui vive.

La toile que rien ne ravive
Fut peinte, je crois, le cœur lourd ;
On ne voit pas âme qui vive
Auprès du Temple de l’Amour.

                  ***

La Passerelle.






C’est une passerelle en fer
Dans quelque jardin dix-neuvième,
Au-dessus d’un canal désert ;
C’est une passerelle en fer.

La franchit un amour amer
Mais le dernier ou le pénultième ?
C’est une passerelle en fer
Dans quelque jardin dix-neuvième.

                   ***

Les Roses.






Je m’en suis allé faire hommage
Aux roses de ma liberté ;
Aux quatre vents de cette page,
Je m’en suis allé faire hommage.

Galant comme tout homme d’âge
Qui n’a plus guère à raconter,
Je m’en suis allé faire hommage
Aux roses de ma liberté.

              ***