vendredi 10 novembre 2017

Ocre.




La lumière décroît, l’ocre d’un soir d’hiver
S’étend sur les murs gris aux balustres de fer,
Le jour va s’achever, la lumière décroît,
L’ombre est mélancolique et paisible à la fois.

La pièce est silencieuse et les fenêtres pâles
Veillent tranquillement sur la nuit qui s’installe.
On dirait que le temps hésite et s’interroge ;
Quelle heure est-il vraiment à cette vieille horloge ?

Un objet ou un nom où sommeille une image,
On feuillette un moment un livre aux mille pages
Que l’on n’a pas écrit : « le livre de l’absence »,
A moitié doux-amer ou bien reconnaissance.

La pénombre s’accroît, on allume dehors,
Le crépuscule meurt, le crépuscule est mort ;
Pourquoi soupirez-vous ? La pénombre s’accroît,
Pendant un court moment on a peut-être eu froid.

                               ***

lundi 6 novembre 2017

Sur la colline.



(Magrin - Tarn.)




Comme il fait bon sur la colline
Dessous le soleil caressant
Qui, longue à vos côtés, dessine
Une ombre au pas si languissant.

Ombre aux douces réminiscences
Qui précèdent l’obscurité,
Novembre est de la même essence
Parfois que le plus bel été.

Puisse l’hiver être sans neige,
Adieu décembre, adieu janvier,
Dis-moi vers quel printemps m’en vais-je ;
La feuille meurt au peuplier.

                               ***

samedi 4 novembre 2017

Au sud.




Dans cette douce nonchalance
Où le jour prêt à s’achever
Un instant encore balance,
On se laisse aller à rêver.
Voici la raison, fantaisie,
Tous les soucis, des illusions
Et la tristesse une hérésie ;
L’ombre poursuit sa progression.
Le ciel est d’un turquoise pâle,
Le cyprès noir se teint de gris,
Mince trait qui transperce l’opale
Du crépuscule et je souris
Pensant à mille choses vagues
Qui viennent bruire en mon esprit
Comme une mer aux longues vagues
Au long d’un rivage endormi.

                               ***

mardi 31 octobre 2017

Un moment.





Ce n’aura été qu’un moment,
Une passade ou un orage,
Un peu de soleil de passage ;
Ce n’aura été qu’un moment.

Mais nous ne découvrons vraiment
Qu’après avoir tourné la page
Si c’était un mot seulement,
Un souffle léger de passage
Ou un orage.

Quoique il en soit, et c’est dommage,
Ce n’aura été qu’un moment.

                               ***                                                                   .

Note: Cette pièce est une « Reprise », pièce de forme fixe en octo ou décasyllabes sur deux rimes dont la structure est la suivante :

A1B1B2A1  A2B3B4A3+1/2B1 (rentrement)  B5A1 (conclusion).

Ma poésie.




C’est un salmigondis replet
Ou comme un pâté de rillettes,
D’épithalames, de poulets,
De grands sentiments en paupiettes,
D’odes, rondeaux ou de sonnets
Avec en bordure d’assiette
Une couronne de regrets,
Sans oublier une mauviette[1]
Assaisonnée en virelai,
Saupoudrés faute de sarriette
De mes chagrins au grand complet
En quelques ballades inquiètes.
A force, on grossit du collet,
La tête se fait grassouillette,
On est perclus de bourrelets
Et l’on se résigne à la diète :
Octosyllabes, triolets
Ou l’art d’écrire des miettes
En de gros volumes complets ;
Octosyllabes, triolets.
Ce sont de faciles couplets
Pour une facile cueillette ;
Octosyllabes, triolets
Ou l’art d’écrire des miettes.

                               ***
 


[1] Jeu de mots sur le sens de « mauviette » : à l’origine l’alouette commune.

A qui ?




A qui ne s’est jamais complu
Aux beautés par trop éphémères
Des horizons irrésolus,
A qui ne s’est jamais complu
Dans les mêmes mots trop relus,
J’offre ces couronnes amères,
Où ceci s’écrit : « A naguère,
Et puis à l’amant inconnu,
A qui ne s’est jamais complu
Aux beautés par trop éphémères.»

                               ***