jeudi 24 août 2017

Au camp.





Dans le ciel noir, combien d’étoiles ?
Il règne un silence profond,
La lune brille sous son voile
D’ivoire ancien, j’écris du fond
D’un camp de soldats en Bourgogne.
Sans l’avoir voulu je suis là,
Que l’on s’amuse ou que l’on grogne
Il faut prendre ce que l’on a.

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mardi 22 août 2017

De minuit au matin.



(Eglise St-Jean - Strasbourg - Alsace.)

Seul minuit m’est silence,
Refuge de tranquillité,
Quand l’heure à pas comptés
Va vers son échéance
Et quand mes quatre murs
S’animent des pensées
Et des espoirs obscurs
Que cachait ma journée.
Ma foi, dans ces moments
Comme tout est facile,
Le malheur fuit, clément,
L’effort est inutile.
Dommage qu’au matin
Le rêve s’effiloche
Ne laissant en mes mains
Qu’un regret que j’empoche.

                               ***        

dimanche 20 août 2017

Saisons.




Dans le ciel passent les saisons,
Saisons du temps et de nos vies
Comme passent nos décisions
Et comme passent nos envies.

Nous ressemblons aux frondaisons
Que la lumière magnifie,
Plus riches d’or que de raison,
Que l’hiver bientôt humilie
Car ainsi passent les saisons.

Et des flammes de nos passions
Un beau soir en l’âtre, assoupies,
Nous voyons fumer les tisons,
Notre maison s’est endormie,
Elles ont fui sans exception...
Dans le ciel passent les saisons.

                               ***

Un bateau de papier.



(Le Pouldu - Bretagne.)

De papier j’ai fait un bateau
Pour qu’il descende la rivière,
Pour qu’il descende le ruisseau,
Sa course devait être fière
Mais que voulez-vous, il prend l’eau.

C’était une mauvaise idée,
Ce pauvre esquif n’ira pas loin ;
Le long de la rive bordée
De saules taillés avec soin
Il ne tiendra pas la journée.

Il disparaîtra sans un mot
Au pied d’un chêne séculaire
Ou bien peut-être d’un ormeau
Sans avoir connu l’estuaire
Où, le fleuve oubliant la rive,
La vague et l’horizon arrivent.

Et la vague avec l’horizon
Disent tous deux le même nom,
Celui que portait ce navire
De papier qui là-bas chavire
Et tous ceux qui devront tenter
La même course : « Liberté ».

Mais le suivant sera de toile
Avec une coque de bois
Pour s’en aller loin à la voile,
Loin, très loin de ces bords étroits.
Si celui-là aussi se perd
Je ferai le dernier de fer,
De chaudière comme d’hélices
Afin que son étrave glisse
Par les tempêtes au travers
Jusqu’à parvenir à la mer
Pour laquelle il fut baptisé,
D’un nom si souvent refusé.

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jeudi 17 août 2017

Le Cycle des Amours Déçues XXXXI – Amour d’été.



(Eglise St-Maurice - Sens.)

L’Hiver est revenu
Et la rivière est grise
Et les arbres sont nus ;
L’Hiver est revenu.

Amour d’été tenu,
Leçon bien mal apprise, 
L’Hiver est revenu
Et la rivière est grise.

                               ***

mercredi 16 août 2017

Trois courts poèmes de la nuit.

(Coucher de soleil sur la rivière Belon - Bretagne.)
La vie est terriblement brève
Mais le plaisir l'est plus encor
La peine, elle, ignore la trêve;
La vie est terriblement brève.

Chaque jour passé nous enlève
Des illusions sur notre sort:
La vie est terriblement brève
Mais le plaisir l'est plus encor.

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L'ombre, ma compagne de mots
À l'heure où minuit s'interroge
Sur l'amour, la vie et ses maux,
En maugréaient maudit l'horloge
Et me sourit d'un air penaud:
Est-il trop tard ou bien trop tôt ?
Avant que l'aube nous déloge
Ne ferons-nous pas ce qu'il faut ?

                     ***

Et la nuit se fait vieille,
Une vieille qui court
Sans repos vers le jour;
Qui sait pourquoi je veille,
Cette page en ma main
Et la nuit qui m'entoure
Que les heures parcourent
En murmurant "demain"...

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