samedi 25 mars 2017

A la Fontaine.






Il est une fontaine
Où l’on guérit les cœurs
Qu’Amour tient en ses chaînes,
Au pied d’un arbre en fleurs
Il est une fontaine,
Son chant tarit les pleurs
Et sait chasser les peines ;
Au pied d’un arbre en fleurs
Il est une fontaine.

L’eau murmurante entraîne
Vers l’oubli les malheurs,
Les soucis et la gêne,
Les regrets, les erreurs ;
Que le printemps vous mène,
Cherchez cet arbre en fleurs
Où chante la fontaine,
Cette seule fontaine
Où l’on guérit les cœurs.

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Un Eté au Jardin.



(Jardins du château d'Ussé - Touraine.)


Les dahlias-soleils par brassées
Tirent au cordeau les allées,
L’été en marquis somptueux
Parade au bord de la rivière,
Éclair d’argent, belle bergère
Bleue aux ponts de pierre blanche
Qui vous mèneront au château.
Les fruits alourdissent les branches,
L’herbe folle appelle la faux ;
Aux quatre coins d’une remise
Où l’été dort l’ombre est de mise.
Ce pourrait être ou c’est enfin
La douceur des heures promises,
Si loin des éternels dédains,
Beauté rêveuse qui s’irise
Aux rides claires des bassins,
Promesse rien moins qu’indécise
Pour un bel été au jardin.
Les mots qui murmurent la brise
Au pied des murs encor hautains
Ne savent-ils pas ce qu’ils disent
De la merveille et du regain,
Certitude plus que surprise
Pour un bel été au jardin ?

                               ***        

vendredi 24 mars 2017

Anniversaire.





C’était un jour d’anniversaire
Où, c’est vrai, je n’ai pu faire
Beaucoup plus de choses pour toi
Que souhaiter de vive voix
Ce qu’on souhaite d’ordinaire
En pareille occasion pour plaire.
Tout en rêvant de faire mieux,
Je me disais, eh bien, mon dieu :

Je n’ai pas pu t’offrir de perles
Pas plus d’ailleurs que de diamants,
Tout juste les mots d’un amant ;
Faute de grive on mange un merle.
Je n’ai pu t’offrir de vison
Ni de voyage romantique
Mais mon cœur, mon corps, ma raison ;
N’est-ce pas un bon viatique ?

En y repensant après coup
Peut-être ai-je tort sur le tout…

                               ***

jeudi 23 mars 2017

Le Sablier.





Grain après grain, du col d’une ampoule de verre,
Un peu de sable fuit, silencieux et pressé,
Obstiné, chatoyant, anodin et sévère,
L’ampoule est presque vide : une vie est-ce assez ?

Combien d’heures se précipitent
Sans me laisser le temps de rien,
Pas une d’entre elles n’hésite,
Aucun effort ne les retient.

Que faire avec ce qui m’en reste ?
Je n’ai pas le temps d’y penser
Que la dernière d’un pas leste,
Moqueuse, achève de passer.

Il n’est plus à présent que cette ampoule vide
Dont le verre étincelle ou ce mot « sablier »…
Nul souffle sur l’étang où s’efface une ride
Et le livre se clôt sur un nom oublié.

                               ***