samedi 24 mars 2018

Dialogue.




Entre bavardage et silence
Pas un geste et pas un désir,
Rien à prendre ou à retenir,
Pas plus qu’à raconter je pense.

Les heures bâtissent des jours
Qui en font bien peu pour me plaire
Et dont je ne sais trop quoi faire,
Tristes ou joyeux tour à tour.

« Pour moi, je les prend comme ils viennent »,
Me dit ce lutin familier
Dont les avis parfois retiennent
Ma main d’écrire et parfois de rayer.

« Et si je faisais autrement
Il m’en viendrait de longues peines
Et beaucoup de désagréments,
Je vivrais de calembredaines. »

Soit, mais Il est aisé quand même
Pour un lutin d’être bohème…

                               ***     
  

jeudi 22 mars 2018

Pour changer...





Un peu de soleil, un peu de silence,
Ce sera peut-être un joyeux matin,
Rien que d’y penser m’en voici certain :
Un bout de papier et les mots s’élancent.

Courez, accourez, dansez et chantez,
Bruissez, murmurez sur la page blanche ,
Remplissez-la bien, si quelqu’un s’y penche
Qu’il ait de quoi lire et puis raconter.

Un peu de printemps, un moment tranquille,
Gaiement insouciant, doux et nonchalant ;
Glissant, sautillant, courant s’envolant,
Les mots font les fous, les heures défilent.

Les lignes aussi sans chercher d’effets
De style et déjà l’on change de ligne,
Grâce au bon moment qui persiste et signe
Voici qu’à midi le poème est fait.

                               ***

mercredi 21 mars 2018

Que répondre ?



(Albi - Tarn.)
Je ne sais pas ce que le vent raconte
Soulevant la poussière du chemin,
Le feuillage s’agite et parle en vain,
Je ne le comprends pas et j’en ai honte,
Moi, qui depuis cinquante ans chante, bois,
Monts, lacs, routes, ruisseaux rivières,
La course d’un nuage ou la lumière
Et l’éternelle succession des mois…

Je crois parfois surprendre une parole,
La suivante à l’instant me fait défaut
Et la troisième, à peu près aussitôt,
Se perd, s’assourdit ou s’envole.
Je reste là, triste et penaud,
L’horizon semble attendre une réponse
Que je ne puis, en cette langue absconse,
Lui faire aussi bien qu’un moineau !

                     ***

lundi 19 mars 2018

En attendant Avril.




On dit que voici le Printemps,
Voire, car il a neigé à l’instant
Sur ce qui n’était que promesse ;
Les frimas ont un droit d’aînesse.

Mais à quelle fleur se vouer
Si cette pauvrette trépasse
Ou peu s’en faut – Dieu soit loué ! –
A la moindre bise qui passe !

Je regarde ce jardin blanc,
Je n’y trouve plus mes narcisses,
La neige a recouvert les bancs
Et les arbres de sa pelisse.

Si le jaune des forsythias
Me met un peu de baume au cœur,
Si tant est que printemps il y a,
Il hésite un peu j’en ai peur.

Je vous ai fait ces quelques vers
En attendant que ce revers
De notre espérance s’efface
Et qu’Avril occupe la place.

                               ***        

samedi 17 mars 2018

Non...




On ne meurt pas mais c’est le monde qui vous chasse,
Ces enfants trop tôt éloignés, le temps qui passe,
L’absence des amis et celle des parents ;
On ne meurt pas, un jour c’est le passé qui vous reprend.

Car la ville a changé et même la lumière,
Les arbres ont grandi au bord de la rivière
Et puis, dans votre rue, où donc est la maison
De votre enfance et le jardin sans horizon,
Le royaume des jeux de vos belles vacances ?
Et le temps de l’étude avec ses espérances,
Lorsque vous vous pensiez seul maître du destin,
Certain du but mais ignorant tout du chemin ?

Voilà pourquoi, malgré ce qui blesse ou ce qui lasse,
On ne meurt pas mais c’est le monde qui vous chasse…

                               ***