Sous un ciel
gris, il pleut sans cesse à verse
Et le vent
froid pleure dans les greniers
En murmurant
un chant triste que berce
Un printemps
de misère, un printemps oublié.
De trottoir
en trottoir, de rue en rue,
Reflets de
plomb, terne éclat de l’étain,
Les flaques
d’eau, les caniveaux en crue
Dessinent le
décor d’un monde éteint.
Je ne vois
pas le mauve des glycines,
Je ne vois
pas le bleu-gris des lilas,
Dans les jardins
que ce temps assassine
Nul ne
choisit, on prend ce que l’on a.
Bien sûr la
ronce est de cette partie,
Le sèneçon,
la mousse et le mouron
Et le
chardon le dispute à l’ortie ;
Qu’aura-t-on
comme fleurs ? Le liseron…
« Profite
de l’instant » dit la sagesse,
De tout
instant et en toute saison,
Elle qu’aucun
déluge ici n’oppresse.
Quoiqu’il en
soit la Sagesse a raison !
Je le sais
bien. Voilà pourquoi je peste :
Mai dans un
an pourra se porter mieux
Mais quant à
moi, pour autant que je reste,
Eh bien je
me retrouverai plus vieux.
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