jeudi 13 octobre 2016

Le Cycle des Amours Déçues - XXIV: Le Vieux Galant.






Vous qui passâtes dans ma vie
Comme vous passez dans la rue,
Désirables mais inconnues,
Sachez combien je porte envie
Aux jours passés qui ne sont plus
Et comme je plains aujourd’hui
Les uns pour n’avoir été vu
Et le dernier pour l’âge enfui.
Ma parole peut sembler crue,
Jeunes gens n’en faites pas fi,
Vous plaindrez le temps sans merci
De ne l’avoir autrefois crue,
Et vous direz plein de dépit
Devant tant d’occasions perdues,
Je l’avais à temps entendue,
Le sot fit mal mais j’ai fait pis.

                               ***                       

Les Larmes de la Nuit.






Larmes aveugles de la nuit
Que nul ne voit ni ne console,
Au malheur du jour une obole
Qu’aucun secours jamais ne suit,

Témoignages vite détruits,
Discrets secrets que nul ne vole,
Larmes aveugles de la nuit
Que nul ne voit ni ne console,

Le chagrin d’hier ou d’aujourd’hui
Je voudrais d’un mot qu’il s’envole ;
Vous valez bien cette parole
Perles que la peine conduit,
Larmes aveugles de la nuit.

                               ***                                       

Voyage.





Je voudrais tant quitter ces lieux
Avant que d’être bien trop vieux
Pour profiter de l’avantage
Et des agréments du voyage ;
Hélas,  je suis claquemuré
Et ne puis rien sauf demeurer.

Je voudrais tant quitter ces lieux,
Libre, vaguer sous d’autres cieux ;
Et comprends l’animal en cage,
Autant sa peine que sa rage.

Me faudra-t-il  d’un trait barrer,
Parce qu’ils sont par trop dorés,
Les souvenirs de ma jeunesse ?
Qu’on me pardonne ma tristesse,
Avant que d’être bien trop vieux,
Je voudrais tant quitter ces lieux.

                               ***        


Idiotie.






Je m’en vais rimer quelques vers,
Rimer comme rime François
C’est bien rimer à la Françoise,
Chaque manière a ses travers,
Dont le lecteur paye l’ardoise.

Pour moi, jugeant  cette façon,
Je dis : « très bien »,  je dis : « passons »,
Nul besoin de me chercher noise,
Si le lecteur paye l’ardoise.

                               ***          
            

mercredi 12 octobre 2016

Les Moineaux. Ecrits Politiques XVIII.






Aux moineaux sur la balustrade
-Matin « ciel-gris » et « temps-maussade »-
J’ai dit, histoire de pépier,
Quelles nouvelles du quartier ?
« Les temps sont durs, les gens avares,
Et les miettes se font rares,
Tout est flétri, buissons compris :
Nous n’aurons bientôt plus d’abri ;
Il y a dans la cour voisine,
Nous craignons qu’ils nous assassinent,
Au lieu d’un seul chat vagabond,
Une chatte avec trois chatons
Prêts à nous voler dans les plumes ;
-Averse et froid, froidure et brume-
Nous vivons mal quand nous vivons ;
Le changement dont nous rêvons
Quand va-t-il en fin se produire ? »
Et bien,  moineaux, pour vous instruire,
Il en est de même chez nous :
On nous poursuit, on nous prend tout,
Et tout comme vous l’on nous tue,
Sinon dans nos cours, dans la rue,
Mais vous êtes chanceux, nous non,
On nous donne encor des leçons !

                               ***