(Château de Chantilly.)
En longs
accents plaintifs chanter son désespoir,
Savoir en
vers touchants consoler sa tristesse,
Est-ce vraiment
utile et faut-il chaque soir
Ouvrir si
grand son cœur aux peines qui s’empressent ?
Faut-il sur
tous les tons se plaindre de ses maux,
Accuser tout
le temps et maudire le monde ?
Faut-il pour
se venger en alignant les mots
Juger le
passé sombre et le présent immonde ?
Le sage
dit : « mais non » et le prêtre : « bien sûr »
Mais ils
sont partisans et nul ne les écoute.
Et moi, de
sens rassis, et quant à l’âge, mûr,
Je m’en vais
vous répondre et lever tous vos doutes.
Oui, vous
devez vous plaindre et ne pas hésiter
A protester
bien haut de vos mille infortunes,
Soupirez et
pleurez, lamentez, regrettez
Ce que vous
n’avez pas, ce qui vous importune !
D’abord cela
soulage et puis, sait-on jamais,
Il se peut
qu’un beau jour un brave homme l’entende,
S’en émeuve et vous aide et là je me permets
De rire en souscrivant à pareille légende.