mardi 12 juillet 2016

Ô Prince...






Noir intense des ombres à l’emporte-pièce
Qui découpent midi sur les places désertes
Où l’été lumineux s’enflamme de liesse
-Et pas un souffle d’air par la fenêtre ouverte -,

Noir aigu des cyprès plaqué sur un ciel bleu,
D’un bleu profond de céramique, étincelant
Sur l’ocre des murs et des toits d’où, tortueux,
Naît et s’échappe un chemin de calcaire blanc,

Noir implacable, es-tu le contraire de l’absence ?
Aux perles de cristal des fontaines bruissantes,
Un écrin de velours, aux heures qui s’avancent,
Sereine négation de l’aube évanescente ?

Limite du soleil, frontière de l’été ?
Es-tu le réfractaire ou le prince invaincu ?
Dans cette lutte es-tu le héros entêté
Ou l’ermite impuissant à qui le rêve a plu ?

                               ***                                                   
   

La Vêture.






Quand le soleil fait promesse
D’un beau matin accueillant
Il n’est pas une tristesse
Qu’on n’aille alors oubliant.

A midi, le ciel se voile,
Le monde est moins lumineux,
Dans le soir gris, malheureux,
On cherche en vain une étoile.

Le ciel et le quotidien
De notre cœur se ressemblent,
Nos trois âges aussi bien,
Que ces mots disent ensemble.

La pêche a belle pelure,
Le temps passe comme il doit,
La chair en devient trop mûre
Et pourrit sans autre choix.

L’amour a belle vêture
Qui subit la même loi
Et son avenir murmure :
« On ne peut être deux fois. ».

Mettez soleil et liesse
En vos quatrains, le temps presse,
De l’amour au moins autant ;
Vous savez ce qui l’attend.



                               ***                      

Tiresias a dit...






Et voici que naît quelque chose de sombre,
De dur et de cassant,
Une pierre aride au froid venu de l’ombre
En reproche incessant.

C’est un fardeau noir et c'est un mal inique
Qui vient avec le temps ;
Prenez au miroir ce rire sardonique
Que ce matin vous tend,

Il est bien trop tard pour faire des manières
Ou changer de façon,
Le monde en allé, c’est la mort qui conquière
Et donne la leçon.

Les heures d’alors, vous les direz amères
Puisque tel est leur nom
Et qu’il faut ouvrir votre bouche à la terre
Sans pouvoir dire non.

                               ***       

vendredi 8 juillet 2016

Les Souhaits.



Cloître St. Corneille - Compiègne.


 Je vous souhaite un jour tranquille
Et de rire tout ce qu’il faut,
Non pas trois écus mais dix mille
Et sous ce soleil un chapeau.

Je vous souhaite une amoureuse
Très amoureuse pour longtemps
Et un amant même aux plus pieuses
Dont elles aient le cœur content.

Je vous souhaite l’abondance
Dans vos caves et vos greniers,
Qu’aux ruches les abeilles dansent,
Que les noix croulent aux noyers,

Et que la moisson qu’on engrange
Soit celle des plus beaux étés,
Que la promesse des vendanges
Devienne une réalité.

Et puis enfin, tant beaux que sages,
Je vous souhaite des enfants;
La paix tout au  long de votre âge
Car c’est d’elle dont tout dépend.

                               ***