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dimanche 29 juillet 2018

La légende revisitée.




J’ai revu ce lac tentant
Où comme Diane, aussi nue,
Si belle et sans retenue,
Tu te plongeais dans le temps.

Des bourgeons aux feuilles mortes,
Tu t’y baignais le matin,
Sans compagnes, sans escorte ;
J’étais seul et sans mâtins[1],

Actéon[2] plein de prudence,
Plus encor de discrétion :
Pour cette profanation
Il n’y eut pas de vengeance.

J’ai bien retrouvé la place
D’où je t’admirais de loin,
De toi plus la moindre trace
Hors mon rêve en contrepoint.

                               ***       


[1] Mâtin : nm, gros chien de garde ou de chasse.
[2] Actéon : mythologie grecque, accompagné de ses chiens, le chasseur Actéon surprit Diane, déesse de la chasse, qui se baignait nue, celle-ci pour le punir de l’avoir vue ainsi, le transforma en cerf que ses propres chiens déchirèrent.

lundi 10 juillet 2017

La nuit, la vraie...





Voulez-vous connaître la nuit, la nuit
D’antan que nulle ville n’édulcore,
Voir les champs bleus sous la lune qui luit
Où l’enchanteur cueille la mandragore ?
Voulez-vous suivre le chemin d’argent
Qui tourne et tourne en rond jusqu’à l’aurore ?
Voulez-vous entendre au lointain du vent
Le chant triste et rempli d’amour encore
De la Belle à demi femme et serpent ?
Et voulez-vous apercevoir les fées
Effleurant à peine les gris arpents
D’un pré brillant de perles de rosée
Où court leur ronde légère et sans fin ?
Dites, voulez-vous connaître la nuit ?

Alors que l’on m’entende et qu’on se lève !
Venez, je ne suis pas un aigrefin,
Venez, ai-je l’air de n’être qu’un rêve ?
Bien sûr, il y a l’ogre et le géant,
Les feux-follets et puis l’Homme Sauvage,
Le calvaire…Et que pensiez-vous,  céans,
Que vous puissiez rencontrer au passage 
Sinon le silencieux cavalier noir
Qui vous prend toujours volontiers en croupe ?
Vous irez vite où ni matins ni soirs
Ne comptent plus : à la flamme, l’étoupe !
Allons, voulez-vous connaître la nuit ?

Mais non, mais non, pas la vôtre, la vraie,
Celle de l’ombre du meneur de loups,
La nuit de la chouette et de l’orfraie,
Celle d’ici, celle qui vaut dessous ?
Venez, venez, suivez la Dame Blanche
Et trouvez le trésor du souterrain
Mais avant l’aube ou gare à sa revanche :
Vous y mourrez de peine et de chagrin.
Alors, voulez-vous connaître la nuit ?

Acquiescez seulement, je vous conduis. 
Nul ne répond. Faut-il bien que j'attende ?
J’ai beau me répéter, nul ne me suit ;
Se pourrait-il que pas un ne m’entende ?
Bon voici l’aube, il est temps, je m’enfuis.

Mettre une odeur de souffre à la demande…

                               ***        

jeudi 11 août 2016

Les Contes d'autrefois.






C’était en fin d’après-midi,
Les arbres étaient blancs de givre
Et nous étions un vendredi.
L’hiver semblait sorti d’un livre,
L’un de ceux que j’aimais enfant,
Rempli de ces vieilles légendes
Que j’aime encore maintenant :
Celles qu’il faut que l’on entende
En frissonnant un peu de froid
Car la vendeuse d’allumettes
Ne connaîtra jamais de toit
Et que la mort de la pauvrette
Est aussi triste qu’autrefois.
Celles qu’il faut que l’on entende
Dites par l’une de ces voix
Qui vous en fît un jour l’offrande
En souriant comme il se doit.
Elle n’est plus ou plus la même
Mais l’hiver lui ne change pas ;
Ce conte là parlait de Brême,
Cet autre sans doute d’un chat…

                               ***        

mardi 24 novembre 2015

Les Oubliées.







Elles sont trois, Mégère, Alecto, Tisiphone,
La Haine, Implacable, et la Vengeance en personne,
La crainte des humains et le dégoût des dieux
Et des larmes de sang leur emplissent les yeux.

Elles sont trois, Clotho, Lachesis, Atropos,
Crainte de l’oekoumène et terme du logos
Et filles toutes trois de la Nécessité
Que rien ne peut fléchir, ni ne peut arrêter.

Antiques à souhait et pourtant oubliées,
Prêtes à toute horreur, à toute mort liées,
Et les trois sans pitié et les trois sans merci
Que vous pensiez si loin quand elles sont ici.

Les trois Parques bien sûr et les trois Erinyes,
Figures d’épouvante et que la raison nie
En vain. Ouvrez les yeux et dans ce monde hagard
Vous ne manquerez pas de croiser leur regard.

                                   ***