samedi 21 mars 2015

Chatons et Printemps.






Passant j’ai vu quelques chatons,
Je ne sais trop sur quels buissons,
Je ne sais dans quelle campagne,
Passant j’ai vu quelques chatons.

Présage heureux me dira-t-on
Puisque le printemps l’accompagne,
Passant j’ai vu quelques chatons,
Je ne sais trop sur quels buissons.

Mais un chaton, mais un buisson,
Pardonnez, le doute me gagne,
Sur un chemin de la campagne,
Nous sommes loin de l’unisson !
Pour que le printemps l’accompagne
Que faudra-t-il, que fera-t-on ?
Attendre, avec pour compagnon
Le souvenir qu’en la campagne,
Passant, on vit quelques chatons
On ne sait trop sur quel buisson.


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jeudi 19 mars 2015

La Bienvenue.





Ils sont venus comme ils ont pu,
Ainsi que font les giboulées,
Comme fait un loup mal repu
Ou bien la falaise éboulée,
Comme fait aussi le blizzard
Ou comme éclate une bagarre,
Comme on dit que fait le hasard,
Sans prévenir, sans crier gare.
Ils sont venus, qu'avais-je à dire ?
Rien, et assis à mon bureau,
Je me suis mis à les écrire
Car après tout c'était mes mots.

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lundi 16 mars 2015

Les Corbeaux.






J’observe qu’un vol de corbeaux
A pris ses quartiers dans la ville
Et qu’il pleuve ou qu’il fasse beau,
On voit tournoyer, incivile,
Leur triste et bruyante noirceur.
On disait, dans un temps sans âge,
De ce sinistre envahisseur
Qu’il était un mauvais présage.
Hypocrites, sans foi ni loi,
Vilains becqueteurs de charogne,
Convives de mauvais aloi
Aux basques desquels les chiens grognent
Et que les hommes n’aiment pas,
Ils ont laissé champs et charrues,
Fossés, fumure et leurs appas
Pour se promener dans nos rues.
Ils auraient bien pu nous gâter
La vue et notre voisinage,
Nous aurions pu les dégouter,
Mais non, nous faisons bon ménage…

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samedi 14 mars 2015

Jadis.






Au soir venu, c’est à peine un accord de luth,
Une parole égarée et sans but,
Un soupir descendu de la ramure
Dans l’ombre douce où s’endort la nature.

Vers quel retour, par quelle ancienne allée
Qui se souvient d'une époque en-allée ,
M’en reviendrai-je seul et sans détour
Jusqu’au bassin où se mirent les tours ?

Dans le parfum des buis, le crépuscule,
Comme autrefois, apaise et dissimule
Et cependant, cependant le matin
Dans le sable sera sans trace d’escarpin

Car le ciel rose et parme est solitaire
Ce soir où le passé qui doit se taire
Jase comme la source au fond des bois
Et dans mon cœur, mon amour aux abois.

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jeudi 12 mars 2015

Le Vieux Tableau.






Et l’on croit voir, à de certaines fois,
Un de ces vieux tableaux, sous la livrée
Du temps, couleur de poussière et de poix,
Vous découvrant une grâce ignorée
Au hasard imprévu d’un éclairage
Inattendu qui vient la dévoiler.
Quelle tristesse alors et quelle rage
Devant ce rêve un instant révélé
Qu’on n’a pas su saisir, faiblesse étrange,
Ou pas su rattraper à son réveil.
Ce regard sombre où le désir s’effrange
Et qu’éclairait un sourire vermeil,
Promesse de l’instant qui règne en maître
Et meurt de même, esclave de l’instant,
Promesse pour autant d’où pouvait naître
Ce qui surpasse et abolit le temps.

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mardi 3 mars 2015

Marcheurs.







C’est la perplexité des routes ignorées
Ou le sourire en coin d’un vieux chemin menteur,
Une sente des bois d’ornières décorée,
Un layon montagnard aux lacets contempteurs.
Ils disent l’horizon et ne vont nulle part,
Faux-semblants de destin, faux espoirs, fausses routes,
Fausses destinations que nul n’atteint
Et fausses directions qui sans fin se rajoutent.
Et nous voilà marcheurs, marchant avec allure,
Très jeunes, très contents, sans poser de questions,
Tout du moins au début de l’étrange aventure
Dont la mort un beau jour tire les conclusions.

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