mardi 28 avril 2020

Le mauvais livre.




Dans l’ombre noire d’un sapin,
Au soir qui vient par les allées,
Je lis un de ces livres pleins
De bavardage et de fumée.

Un livre qui passe le temps
Mais qui n’a pas de caractère,
Ce qui n’importe pas vraiment
A l’heure où manque la lumière...

Moire et nuances de l’instant
Que déclinent ces lourds feuillages,
Une placette en s’endormant
Ou l’arête d’un mur sans âge,

La douceur du soir lentement
Alanguit le parc et la ville
Et je me console aisément
De fermer ce livre inutile.

                               ***  
     

Envoi.




Belle nuit, tu l’es moins d’être si solitaire.
Celle pour qui j’écris est demeurée au loin ;
Veille sur son repos et surtout prend bien soin
De calmer son souci sinon de l’en distraire.

Fais pour elle en mon nom tout ce que tu sais faire,
Offre lui ces parfums de campagne et de foin,
De rose et de lilas qui s’exhalent, témoins
De ces moments heureux, doux et crépusculaires.

Apporte lui le calme et la sérénité,
Ce voile de mystère et de légèreté
Qui monte des jardins et déguise les rues.

Pour elle évoque un songe aux couleurs de l’amour
Et si, par aventure, elle te semble émue
Dis-lui qu’en y rêvant je le fus à mon tour.

                               ***       

lundi 27 avril 2020

Trompeur, trompé.




Dimanche après-midi dans un jardin et puis ?
L’heure et le temps, le temps, oui toujours lui,
Dont on ne peut pourtant imaginer ou dire
Rien que l’on n’ait écrit, mais le silence est pire.

Et peut-être un sourire en coin
Car après tout l’on n’est pas dupe…
Au vrai ce qui me préoccupe
C’est de l’être de moins en moins.

Mais le poème continue
Et il évite de gloser
Cette vérité toute nue
Que l’on n’y fait rien que jaser.

Ainsi ces mots pour rien ou pour garder la main,
Sans grand effort, phrases d’hier, mots de demain,
Les mêmes qui, toujours, vous tiennent compagnie
Et trompent moins le temps qu’ils ne trompent la vie.

                               ***