jeudi 27 juillet 2017

Quand reviendra...





Quand reviendra le temps de la douce indolence,
Des jours sans horizon, du calme et du silence
Et des jardins heureux et le calme du soir
Et les cieux d’autrefois qu’il ferait bon revoir ?

Le champ dort au soleil sous le vent qui le berce,
Dans les sous-bois ombreux que les rayons transpercent
Une ronde éphémère en son vol silencieux
Danse sans se douter que l’on peut-être vieux.

Mais je sais une histoire et je sais un visage,
De  l’aube au crépuscule, au sourire sans âge
Et de hier à demain ce même sentiment
Que nous avions alors que nous n’étions qu’amants.

Nous reverrons ces jours, quoique le monde change,
Au jardin de nos fleurs d’une douceur étrange
Où nos mains s’unissaient sous l’étoile qui luit
Quand l’ombre en fraîchissant nous annonçait la nuit.

Si je ne sais ni quand, ni comment, je t’assure
Que ces jours reviendront. Le ruisseau le murmure,
La feuille s’en soucie et la mousse et l’épi,
Le nuage le sait et le vent le redit.

                               ***         

mercredi 26 juillet 2017

Air connu.





Roses couleur d’été, marronniers de l’automne,
La rose dit l’instant et l’arbre ce qui vient ;
Cet instant c’est le vôtre et ce baiser le mien,
Faudra-t-il plus avant que l’un de nous raisonne ?

La rose de décembre est pauvre de parfum
Et sa corolle triste au vent glacé frissonne…
On goûte à ce qui s’offre, on prend ce qui se donne,
L’été, vous le verrez, est bien vite défunt !

                               ***    
    

mardi 25 juillet 2017

Regard.



(Le Massif Central en Hiver.)

Je regarde s’enfuir le vent
Avec une envie sans pareille,
L’horizon lointain m’émerveille
Et je rêve au soleil levant.

Le jour est gris, le rêve ment
Pourtant que rien ne me réveille,
Avec une envie sans pareille
Je regarde s’enfuir le vent.

Mon regard se perd dans l’espace
Poursuivant d’invisibles traces,
Il faut bien s’amuser un peu.

Puis cet amusement me lasse,
Je connais trop la fin du jeu ;
Mon regard se perd dans l’espace.

                               ***

Note: 

Ce poème est un « sonnet-triolet » dont la formule est la suivante : A1B1B2A2 – A3B3B2A1 – C1C2D1 – C3D2C1.

Le Connétable de Bourbon (1490-1527).



(Château de Galiot de Genouillac à Assier - Lot.)

                I.

Ô Connétable de Bourbon,
Vous qui fûtes si vaillant homme,
De grand lignage et bon renom,
Qu’alliez-vous faire devant Rome,
Ô Connétable de Bourbon ?

D’où vous venait donc cette rage,
Après avoir trahi le Roi,
D’aller pour augmenter l’outrage,
Trahir l’Église de surcroît ;
D’où vous venait donc cette rage ?

Où l’on vous avait promis l’or
Du plomb seul fût votre salaire
Et l’artisan de votre mort ;
Il finit l’aventure amère
Où l’on vous avait promis l’or.

Quels gages pour vos bons services
Vous eût-il payé l’Empereur ?
Au lieu où l’on punit le vice
Ils n’ont plus cours et sans erreur
D’autres payeront vos services !

                II.

Tais-toi, vilain, je te conchie !
Ma devise était « Espérance »
Et j’ai vécu sans vilenie
Mais non le roi François de France ;
Tais-toi, vilain, je te conchie !

Je fus son féal serviteur
Et je le servis sans partage
Mais il ourdissait mon malheur
Et me vola mon héritage ;
Je fus son féal serviteur.

Rome, oui-da, je le regrette
Mais alors tout était fini
Et j’avais la mort seule en tête,
Dieu n’était pas mon ennemi ;
Rome, oui-da, je le regrette.

Vilain va rejoindre ton Roi
Et dis-lui que bonne fortune
Le cède toujours à bon droit
Quand arrive l’heure opportune ;
Vilain va rejoindre ton Roi !

Ici, délivré de misère,
Charles, comte de Montpensier,
A meilleur séjour que sur terre,
Il y attend qui l’a renié ;
Ici, délivré de misère.

                               ***