mardi 31 janvier 2017

L'Averse - Chanson de Mirliton.




Voulez-vous une chanson
Du matin dans une rue
Quand il pleut ? Chanson déçue
Mais stoïque dans le fond ;
Voulez-vous une chanson ?

Sur des vers de mirliton,
Une ode aux heures banales
De cette saison bancale
Qui pleure sur tous les tons ;
Sur des vers de mirliton
Voulez-vous une chanson ?

Sans accents de baryton,
De ténor ou de soprane
Mais timide, en filigrane,
A capella, en canon,
Sans accents de baryton,
Sur des vers de mirliton
Voulez-vous une chanson ?

Quelques notes pour piéton
Dans la ville sous l’averse
Qui ruisselle, un peu perverse,
De gouttières en balcons,
Quelques notes pour piéton,
Sans accents de baryton,
Sur des vers de mirliton
Voulez-vous cette chanson ?

                               ***

dimanche 29 janvier 2017

Votre Visage.





A l’heure de mes rêveries
Un fantôme revient parfois
Me rappeler une autre vie
A l’heure de mes rêveries.

Il se pourrait que je sourie
Dans l’ombre à ce que je revois ;
A l’heure de mes rêveries
Un fantôme revient parfois.

Il a toujours votre visage,
Votre visage et vos beaux yeux
Et que de regrets au passage ;
Il a toujours votre visage.

S’il fallait récrire la page
Je ne pourrais l’écrire mieux ;
Il a toujours votre visage,
Votre visage et vos beaux yeux.

                               ***

vendredi 27 janvier 2017

Cataphilion le Grand. - Poésie du Non-Sens.





Le grand Cataphilion[1]
Aux yeux de chrysoprase,
Au regard de lampion
Quand la lune est en phase
Chante sa rébellion
Au désert noctiphage.
C’est alors qu’un frisson
Passe comme un nuage
Au cœur des tabellions
Penchés sur leur ouvrage :
Chacun vit d’illusions
Et chacun vit d’images.

                               ***


[1] Cataphilion : ce mot et ce personnage n’existent pas.
 

mercredi 25 janvier 2017

Le Lézard.





Au soleil de la mi-journée
J’imite les lézards heureux
Sur une placette étonnée
Qu’on puisse bouger aussi peu.

Autour de moi passe une foule
De gens vraiment très affairés ;
Cette heure, la mienne, s’écoule
Avec lenteur et à mon gré.

Assis dans mon coin  je m’amuse,
Sans m’en lasser,  à regarder
Ces gens qui croient – comme ils s’abusent –
Bien visiter sans s’attarder.

Ils ne s’en vont pas à leur guise :
La tête en l’air, le guide en main,
Il faut qu’ils voient leurs quatre églises
Et six musées avant demain.

Leur visite n’a qu’un critère :
Combien ont-ils vu d’œuvres d’art ?
Ils manquent le meilleur sur terre,
C’est du moins l’avis d’un lézard.

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mardi 24 janvier 2017

Canzoniere de Pétrarque -Transposition du Sonnet CCII.





Sous la glace immobile une mouvante flamme
De jour comme de nuit brûle d’un feu ardent
Et c’est de ce brasier que naquit le tourment
Qui consume mon cœur et dévore mon âme.

Je vois pour me frapper la Mort brandir sa lame
Et, comme en entendant l’horrible grondement
D’un orage, ou d’un lion le fier rugissement,
Je tremble et je me tais puisqu’elle me réclame.

L’amour et la pitié pourraient bien me sauver
Si leur double colonne ils voulaient élever
Entre ce coup mortel et mon âme éperdue,

Mais rien ne me présage une pareille fin
Dans la douceur aimée, dans la rigueur perçue,
Et j’en accuserai seulement mon destin.


Transposition effectuée à partir du texte du Canzoniere de Petrarque.  Préface et notes de Jean Michel Gardair. Traduction du comte Ferdinand L. de Gramont.  NRF.  Poésie/Gallimard.1983. P 164.

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