mardi 2 août 2016

Reproches.






Ma mère, vous qui m’aimiez tant,
Voyez ce qu’aujourd’hui me coûte
Cet amour qui choisit antan
Ses dogmes plutôt que ses doutes.

Vous qui me connaissiez pourtant,
Vous m’avez fait prendre une route
Où pour moi rien n’était tentant.
Si maintenant le temps déboute
De sa plainte le mécontent,
De là-haut plaignez sa déroute,
Ma mère, vous qui m’aimiez tant.

Où vous le vouliez je redoute
Que son échec ne soit patent
Pour tous et qu’aux tâches qu’il goûte
D’œuvrer il n’ait plus trop le temps..

Je n’ai de gloire mie ou croûte
Et ma fortune vaut autant,
Voyez, c’est la moindre de toutes ;
Eût-ce été pire en m’écoutant,
Vous le savez là-haut sans doute,
Ma mère, vous qui m’aimiez tant.

                               ***                       

Ni, Ni.






Ni menace, ni prophétie,
Ni rien qui se prenne au sérieux,
Le plus simple serait le mieux
Avec beaucoup de fantaisie…
Rien de sonore ou de glorieux,
La chanson claire des fontaines,
Un souffle qu’on perçoit à peine
Dessous le feuillage insoucieux ;
Rien qui s’estime ou se pavane,
Rien qui se pense d’un grand prix
Ni ne se vante, on l’a compris :
Rien du palefroi, tout de l’âne,
Paisible au milieu de son pré,
L’eau du ruisseau pour ambroisie :
Telle serait la Poésie
Si nous l'écrivions à son gré.

                               ***                      





lundi 1 août 2016

Là-bas.






Là-bas, là-bas, disent en vain les vagues
Qui reviennent sans fin pour mourir sur la plage
Sous ce ciel gris lointain où l’écume divague
Dans le vent impérieux et le parfum des algues
Où le sel des embruns vient broder son message.

Cet impalpable goût des jours de liberté
Où toute entrave tombe où tout devient possible,
Avec en bruit de fond et pour y persister,
L’infini du ressac toujours inaccessible
Comme les mil versets d’une éternelle bible.

                               ***        

vendredi 29 juillet 2016

Le Tournant de l'Eté.






Vendredi de la nuit d’été
Où beaucoup fêtent leurs vacances,
Bouts de chants, éclats de gaieté,
Peut-être même que l’on danse,
Vendredi de la nuit d’été,

Au bord d’un balcon de pénombre
Il fume une tasse de thé
D’ambre roux sur la pierre sombre ;
J’ai posé ce songe à côté
Au bord d’un balcon de pénombre,

Juste avant que toute beauté
Quitte nos villes et nos vies
Tout ainsi que nous ont quitté
L’insouciance et la rêverie
Au tournant même de l’été.

                               ***