dimanche 16 août 2015

L'Echange.






Il n’y avait que ce chemin
Du quotidien, qu'on vit chacun,
Il n’y avait qu’un point de vue,
Qu’une vision, qu’un seul moyen
Et que l’horizon d’une rue.

Et la rivière et le torrent
Et la mer tout comme le vent
Brillaient ici par leur absence,
La plaine et les bois et les champs,
Tous, étaient à peine un silence.

Il n’y avait, en somme, rien,
Rien de plus que ce contient
Un mot en matière de lettres,
Le papier était le seul bien
Qu’ici l’on pouvait se permettre…

Et puis, et puis, et puis voilà,
L’océan qui passait par là
Accompagné de la montagne
Que ce spectacle désola,
M’ont offert, je crois que j’y gagne,
Tout ce qu’on sait de l’horizon,
L’âpre goût des quatre saisons,
Loin de mes châteaux en Espagne,
La vie au lieu de la raison
Et cette chanson pour compagne.

                      ***

samedi 15 août 2015

Vision.






Un cheval blanc galope dans la nuit
A l’heure où les rêves s’endorment,
J’ai vu passer sa robe argent sous l’orme
Auprès du vieux réverbère qui luit.

Ses fers sonnaient sur le pavé de pierre,
Refrain d’un chant d’errance et de lointains,
L’ombre dansait à travers sa crinière,
Nacre de lune, arabesque d’étain.

Au bruit de ses sabots, dedans la ville,
Chaque maison en soulevant son toit,
Le saluait d’une phrase civile
Et lui, que cherchait-il ? Qui, sinon, toi ?

Tous les murs s’écartaient et tous les squares,
Fuyant vers l’horizon, devenaient bois
Et même on vit au bout du champ de foire,
Devant lui, fuir une biche aux abois.

                          ***
 

Dix.






Dix est un chiffre rond, bonhomme et rubicond.

Le trois est un nombre mystique,
Le sept, obscur, se dit magique,
Le neuf, vénérable, est antique,
Le deux, l’union, reste mythique,
D’un seul on ne fait rien de bon,

Dix est un chiffre rond, bonhomme et rubicond.

De cinq à sept que de possibles !
Se mette en quatre qui voudra,
Le grand huit reste inaccessible
Ou vous met dans de mauvais draps…
Et puis j’hésite ou bien je tique,
Au-delà plus rien de pratique
Ou qui mérite une chanson :

Dix est un chiffre rond, bonhomme et rubicond.

                               ***

vendredi 14 août 2015

L'autre Chemin.






Il me faut atteindre l’orée
Où commence un autre chemin,
Vers cette aube tant désirée
Qui s’appelle toujours « demain ».

Au point du jour où tout commence,
Dans la lumière et dans l’oubli,
De l’ombre en son linceul immense
A la seule aurore en surplis,

Un premier pas vers la fontaine,
Y boire efface les regrets,
Un pas vers la ville lointaine,
Mon amour demeure tout près.

Mon amour, blanche fleur du Myrte,
Feuillage éternellement vert,
C’est encore hier qui t’invite,
C’est toujours demain qui te perd.

Il me faut atteindre l’orée,
Passer la frontière ou le seuil ;
Toute espérance est éplorée,
Toute naissance porte un deuil.

                      ***
 

jeudi 13 août 2015

Mode d'Emploi.






Au premier jour, une première strophe,
Pauvre de sens, anodine surtout,
L’outrance, non, mère des catastrophes
Quant à l’orgueil, ce n’est pas un atout.

Deux ou trois mots, la gaieté de la rime,
De ligne en ligne et sautant à pieds joints,
Surtout sans masque ou sans fard qui la grime,
De la joie, oui, mais de carnaval point.

Au premier jour, ce que le vent apporte,
La fantaisie et la simplicité,
A la campagne une figure accorte
De l’existence et la sérénité.

Un rien d’esprit, pas de grandiloquence,
Pas d’apparat mais la sincérité,
Un peu de goût et du cœur sans compter.
Je ne sais pas ce que dit l’éloquence ;
Tachez de suivre et de bien écouter :
Les jours suivants répétez la séquence.

                         ***