samedi 19 juillet 2014

Abbaye de Santes Creus (Catalogne-Espagne).






Les champs que la moisson besogne
Sommeillent enfin en repos,
Le murmure d’un filet d’eau
Au fond d’un cloître en Catalogne
Égrène en perles de fraicheur
Une prière plus ancienne
Que celles des pierres du chœur
Où les gloires des rois se tiennent.

Pour l’ombre obscure des cyprès
Aucune nuit n’est assez noire
Et la fontaine dit l’attrait
De la source qu’elle offre à boire;
Pans de pénombre et de clarté
Que les arcs paisibles cadencent,
Pour moi, vous prierez en silence
D’une plus sincère piété.

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jeudi 10 juillet 2014

De Saison.





L'averse pleure dans la nuit
Et juillet ressemble à novembre,
Le carrefour désert y luit,
L'averse pleure dans la nuit.

Sous les grains que le vent conduit
L'ombre et l'hiver font antichambre,
L'averse pleure dans la nuit
Et juillet ressemble à novembre.

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dimanche 29 juin 2014

Rome.





Rome, l'empire élu...

Fleurs du printemps des arbres
Sur un rêve de marbre
Qui ne fleurira plus.
Pierres du souvenir,
Grandeur du mot "Histoire",
Rome, l'empire élu
Qui ne peut revenir
Mais hante les mémoires.

Tant de vaine grandeur,
Tant de gloire déchue...
Mais c'est ainsi, tout meurt,
Même l'empire élu...


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mercredi 28 mai 2014

Le Canal des Faux-Remparts.




Promeneur, j’écris l’Histoire au petit pied…

Sur les quais, à l’ombrage des marronniers,
Çà et là s’endorment des bancs philosophes
Dont le bois, très placide et ensommeillé,
Ne sait rien de la gloire ou des catastrophes.

Peinte en noir, la rambarde a beaucoup vieilli,
Sur ce bord où s’incurve au lointain son cerne
En marquant les murs autrefois assaillis,
Au beau temps où l’eau coulait le long des vernes.

Au beau temps où l’aigle, plus tard impérial,
Lacérait l’échine du lion de Bavière,
Fer et mort, la force pour cérémonial,
Cris sanglants, serres et bec, gueule et crinière.

Les vieux bancs regardent un bord de l’oubli,
L’autre côté, chez eux, c’est déjà la campagne
Et d’ailleurs au pied des bancs, les pissenlits
Revenus tellement nombreux en témoignent.

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Je Suis.




Je suis la tristesse du monde
Et l’humaine vieillesse
Et je suis la mendiante
Et je suis la pauvresse
Celle que l’on chasse à la ronde,
Et celle qui peine à marcher
Et celle qu’on voit suppliante
A l’heure où sonnent les clochers.
Je suis celle qu’on ne veut pas,
Celle dont on fuit le regard,
Qui ne réclame pas sa part,
Celle qui garde le front bas.
Je suis celle que chacun chasse,
Que l’on maudit, que l’on oublie,
Celle qui n’a jamais sa place
Dans les heures de votre vie,
Celle que toujours et encore
On évite et l’on craint,
Je suis cependant votre sort
Et le dernier mot du refrain :
Je suis la Mort.

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samedi 24 mai 2014

Dix Phoèmes Strasbourgeois.


Note introductive: les "phoèmes" sont bien sûr des photos accompagnées d'un distique qui leur correspond (photos-poèmes ou phoèmes).



Deux rives, un vieux pont
Que hier et demain font.

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L'ombre parfois domine
Où le printemps chemine.

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Jours anciens et nouveaux
S'en vont au fil de l'eau.

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Mais certains jours pourtant,
Trop doux sont inquiétants.

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Une ville inconnue
Qu'on suit rue après rue.

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Le reflet d'anciens jours
Sommeille au pied des tours.

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Toits gris, rideau de pluie,
Averse et ciel de suie.

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Histoires et frontières
Oubliées dans la pierre.

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Gens en paix, dit l'adage,
Sachez prévoir l'orage.

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L'ombre des marronniers
Sur un quai familier.

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jeudi 1 mai 2014

Pour Hélène.





Je vous ai chantée jeune et belle et désirable
Et je vous chanterai quand le temps implacable
Ne laissera de vous qu'une ombre sans éclat
Qui s'éloigne du monde et marche pas à pas.

N'avez-vous pas compris ce que disent mes pages ?
Ce que j'aimais de vous, ce que j'aime toujours,
Ce n'est pas un instant, ce n'est pas une image,
Ce n'est pas un désir, ce n'est pas un discours,

C'est l'immense douceur de tout ce qu'on partage,
La suite des instants, si humble en soit le cours,
Ce qu'un regard contient de tendresse sans âge
Et ce qu'un geste dit dans un moment d'amour.

Le refrain de mes chants ignore les frontières
Des langues et des cœurs, de l'usure et du temps
Et je vous chanterai dans l'ombre et la lumière
Aujourd'hui comme hier et demain tout autant.

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mercredi 30 avril 2014

Averse.






Un matin doux d'averses de printemps
Sur les toits sombres de la ville
Et les trottoirs luisants où son reflet s'étend
Offrant ses nuances subtiles
Qui se fondent sans cesse à chaque goutte d'eau,
Étranges éclats éphémères
Qui repeignent sans fin un unique tableau
Que parfois brouille une gouttière.

Un matin gris sans plus qui va paisiblement
Et seul, de façades en grilles,
Tout le long des jardins et des appartements
Dont une ou deux fenêtres brillent,
Un matin de printemps en ses habits ingrats
De pluie pressée ou monotone
Murmurant ce refrain que rien n'arrêtera
Jamais et que n'entend personne.

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mardi 22 avril 2014

Ma Vie.







Il pousse enfin des feuilles neuves
Aux milles ramures des bois
Qu'à nouveau les trilles émeuvent
Aussi joyeuses qu'autrefois.

Ne viendrez-vous pas avec moi,
Beaux jours et vous ma souvenance,
Vous promener, comme je crois,
Plus rien ne nous en fait défense ?

N'avons-nous pas tant à nous dire,
Depuis tant et tant de printemps,
Tant à songer, tant à sourire,
Et à regretter tout autant ?

Le chemin passe doucement
Au travers de notre existence,
Venez, venez, assurément
Cet instant a de l'importance.

Venez, venez, je vous en prie,
N'est-ce pas ce que nous voulions ?
Marchez auprès de moi, ma vie,
Il faut vraiment que nous parlions.

Il passe un souffle si léger
Sur l'or tremblant des renoncules,
Le bonheur est si passager,
Venez tenir conciliabule,

Ma vie, il faut que l'on devise
De tant et tant de jours passés
Et de nos amours indivises
Et de nos succès espacés,

De tous ces tours et ces détours
Que nous avons connus ensemble;
Ne savez-vous pas de toujours
Combien ce printemps nous rassemble ?

                ***




A Toi, Ronsard.



 


Ô mon ami, Ronsard,
Mon ami de jeunesse,
Voici qu'il est bien tard;
Comme à toi, la vieillesse
M'apporte ses soucis,
Le temps me déconforte
Et je regrette ici
Mes belles heures mortes.

Oui, nous voilà surpris,
Nos genoux se font raides,
Nous avons moins d'esprit,
Notre figure est laide
Et nous ne pouvons plus
Quand nous voulons encore;
Ce soir le temps conclut,
Demain il nous dévore.

           ***


Château de Chenonceaux.

Le Bistrot près Saint-Thomas.





Dans un bistrot, près Saint-Thomas,
Un matin gris de printemps froid,
Tout juste en sortant de l'église,
Je me réchauffe, sans surprise
Avec un thé, tout en pensant à toi,
Dans un bistrot, près Saint-Thomas.

Pas un touriste sur la place,
Il n'y a pas d'autres clients,
Mon Amour, comme le temps passe
Et comme mon coeur est conscient
A cette heure de tout cela
Dans un bistrot, près Saint-Thomas.

Demain quand nous nous reverrons,
L'attente comme l'espérance,
Tous deux nous les transformerons
En étincelles, en fragrance,
En jours que le rire conduit,
Et en tendresse à chaque pas,
Tout comme j'en rêve aujourd'hui,
Dans un bistrot, près Saint-Thomas.

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mardi 15 avril 2014

En Soirée.




C'est le moment du crépuscule
Où tout ralentit et se tait,
Dans le ciel pensif il circule
De vagues et pâles reflets
Et les tensions du jour s'apaisent
Dans les ombres vêtues de bleu.
Tout au loin, sur une cimaise,
Un nuage que rien n'émeut,
Le vol pressé d'une corneille
Qui va rejoindre le couchant,
Des lampadaires qui s'éveillent
Avec un ensemble touchant
Le long d'une route déserte,
La silhouette d'un sapin
Qui solennellement inerte
Veille sur la nuit d'un jardin
Et moi qui profite et regarde
Et qui me réjouis de l'instant,
Moi qui souris et qui m'attarde
Dans cette paix que j'aime tant.

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vendredi 11 avril 2014

Un Bouquet de Lilas.





Un gracieux bouquet de lilas
Dont chaque pièce se parfume
Offre ce printemps qu'il résume
En mauve tendre, ici et là.

C'est toujours la même lumière
Aux transparences mil neuf cent
Qui filtre dans l'appartement
Toute une après-midi entière.

Certains se rêvent en châteaux,
Certains se rêvent en chaumières...
Aux chemins sèchent les ornières,
Les lilas ont fleuri bien tôt.

Au bord gris bleu de fleurs légères
S'endort le parfum amoureux,
La langueur des printemps heureux
Dans l'émoi d'heures familières.

Par les fenêtres du salon
Pénètrent des forêts nouvelles,
Des lointains fleuris se révèlent
Et le vent parle d'horizons.

Ce n'est plus la ville maussade
Que surveillent de vieux balcons,
C'est un jardin, une maison,
Une glycine pour façade

Et c'est cet entêtant parfum
Des lilas à perte de vue
Le long d'un mur de pierres nues
Quand le jour est presque défunt.

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