jeudi 19 janvier 2017

L'Hiver des Bancs Publics.





La mouette en planant s’étonne :
Sur les bancs il n’y a personne,
Où sont passés les amoureux,
Pressés, sereins ou langoureux
Qu’on y voyait rester des heures ?
Pas même une ombre n’en demeure
Alors que le soleil descend,
Le jour va se rapetissant,
L’instant me semble romantique
Et pas un chat, c’est atypique.
Pourquoi sont-ils donc tous absents
Se dit la mouette en passant ?

Vent du Nord dit la girouette,
Ils sont restés dessous la couette ;
Quand en hiver la pierre fend
Il vaut mieux le lit que le banc.

                               ***

mardi 17 janvier 2017

Les Flocons.





Regardez tomber les flocons,
En tourbillons
Que rien ne presse :
Ils vont lentement mais sans cesse ;
Regardez tomber les flocons.

L’Hiver c’est eux, eux, son image,
Lents, presque sages
Et l’horizon
En s’effaçant reflète la saison ;
Regardez tomber les flocons.

Décrivant de lentes spirales
Dans le jour pâle,
Dans le jour gris,
Lent menuet si bien appris,
Regardez tomber les flocons.

Pas une rumeur, pas un son,
En l’Hiver,  patients et tranquilles,
Regardez tomber les flocons
Dessus les villes,
Dessus les champs,
Où nul n’irait se dépêchant,
Où se presser est inutile ;
Regardez tomber les flocons.

                               ***

Un Piano.





Ce ne sont dans la nuit tranquille
Que quelques notes de piano
Qu’on dirait un peu malhabiles
Mais qui parlent plus que des mots.

Sur des touches mélancoliques
Un air mille fois entendu
Et pour lui donner la réplique
Des jours passés, des lieux perdus…

Ces notes qui courent les rues
Ne savent pas qui les entend,
Mémoire oubliée ou relue,
Elles s’en moquent tout autant.

Décidément la nuit est belle,
Le piano reprend lentement ;
Qui de vous sait ce qu’il rappelle ?
Peut-être un prénom seulement…

                               ***

samedi 14 janvier 2017

"Parlez-moi d'Amour..."





Dites-moi donc qui les retient
Ces mots d’amour que l’on essaime ?
Nouvel amour et mots anciens,
Tous les vers qu'on fit sur ce thème
A la fin se ressemblent bien :
Aux plages de nos matins blêmes
Comme la vague s’en revient
Toute autre en demeurant la même.

Et c’est toujours et tout et rien,
« Port-Royal » autant que « Thélème »,
De tous temps et du vôtre au mien,
Flamme ou glaçon, gravier ou gemme,
Rose ou chardon, tendre ou vaurien,
Parcimonieux ou bien extrême,
Lumineux, lourd, sombre, aérien,
De bombance ou bien de carême,
C’est encor l’amour, j’en conviens !

                                ***

vendredi 13 janvier 2017

Le Désert Blanc.



(Canal du Rhône au Rhin - Plobsheim.)
 


Il neige depuis l’aube, il neige obstinément
A tout ensevelir jusqu’au sommet des arbres
Et ce jour sans couleur unit lugubrement
L’ombre du cimetière et la rigueur du marbre.

Il neige à gros flocons paresseux, lourds et lents
Où la nuit s’insinue, où le froid s’amoncelle,
Où ricane l’Hiver dans la plainte du vent,
Au bord glacé des toits où l’obscurité gèle.

Et rien n’existe plus des hommes et des dieux
Dans ce grand désert blanc où le temps tourbillonne
Sur la campagne morte au givre monotone
Et sur ces bois noircis égratignant les cieux.

                               ***