jeudi 21 juillet 2016

La Danse des Morts: I La Guerre.



(Frise de l'église d'Assier - Quercy.)



Dans un immense hurlement de rage
Qui monte et sans fin s’enfle en mille échos,
La Guerre détruit, massacre et ravage ;
Dans un immense hurlement de rage.

Elle a l’effroi et l’horreur en partage,
Le sang, la mort pour payer son écot ;
Faucheuse de ce champ que rien ne clôt,
Dans un immense hurlement de rage,
La Guerre détruit, massacre et ravage !

                               ***                       

mercredi 20 juillet 2016

Chimère Agreste.






Je profite autant que je puis,
Tant que c’est encore faisable,
De la campagne où me conduit
Mon goût des ombres agréables,
Des soirs et des matins sans nom,
Des vastes horizons paisibles
Où nul espoir ne dira non,
Où nulle heure n’est inflexible.
Je profite autant que je puis
Et tant qu’il en existe encore,
De telle ou telle chimère et je suis
Des sentiers que le monde ignore
Mais que le dieu aux pieds fourchus,
Sous un ciel bleu de porcelaine,
Aima dès qu’il les reconnut ;
Aphrodite, déesse  hellène,
Laisse le forgeron bossu
Forger à ce monde ses chaînes
Et ne me laisse pas déçu
De rêver où tu te promènes.

                               ***                                       

mardi 19 juillet 2016

Deux Noms de l'Amour.



(Laure de Noves - École française XVI è siècle - Château de Chantilly.)


Épouse, époux, quels jolis mots,
Qui disent peu, qui disent trop,
Selon le moment et l’endroit,
Ce que l’on cherche ou que l’on croit,

Selon qu’on a ou que l’on rêve,
Que l’on commence ou qu’on achève,
Que l’on se cache ou se découvre,
Que l’on vous chasse ou qu’on vous ouvre…

Quels jolis mots, au bruit de vent,
Jamais « après » tout comme « avant »,
Janus au millier de visages,
Hermès ou Cerbère au passage…

Oubliez prêtres et devins,
Ne les prononcez pas en vain :
A leur guise, à leur fantaisie
Avoir et perdre sont sosies.

                               ***                      

lundi 18 juillet 2016

Amour Baroque. (Pastiche.)




(Henri II-École Italienne XVI è siècle-Château de Chantilly.)

 

Mon amour est amour au plus haut de sa gamme

Comme ma Dame aussi est la plus haute Dame ;

N’est-ce pas à bon droit que, moi, son serviteur
Je prétende brûler de la plus haute flamme
Qu’il se puisse nourrir au fond du cœur ?

Mon amour, ce trésor du plus riche trésor
Vaut bien mieux que la nacre et beaucoup plus que l’or,
Plus pur en sa blanche parure quotidienne
Qu’au beau jardin d’Éden n’est le lys en la sienne.

Mon amour est espoir, espérance d’avoir
Qui ne sait ni tromper ni ne peut décevoir,
D’éternelle beauté, d’éternelle jeunesse,
Tant prêt à se donner que prêt à recevoir
En son éternité d’éternelle promesse.

Mon amour est amour selon ses deux façons :
De l’homme de désir et du saint Enfançon.

                               ***                        

samedi 16 juillet 2016

Un Petit Rien.






N’être rien ce n’est pas grand-chose
Mais s’en rendre compte c’est bien.
On n’a plus à prendre la pose
Dans le monde ou devant les siens,
Et l'on vit détaché de tout,
De soi comme de tous les autres
Et, croyez-moi, c’est un atout ;
Nul ne vous dit : « Tu es des nôtres,
Tu dois nous payer ton écot
Et vivre selon nos coutumes ! »
Être un reflet, être un écho,
Être façade ou bien costume,
Être brosse à reluire ou bien
Être baudruche ou girouette,
Ou pigeon qui se croit mouette
C’est un sort pire que le mien
Car c’est être encor moins que rien.

                               ***