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mardi 22 octobre 2019

Les noces du rêveur et ce qui arriva.




J’ai tout au fond du cœur,
J’ai tout au fond de la mémoire
La silhouette d’un rêveur
Et voici son histoire,
Écoute !

Où qu’il passât
Ce rêveur là
Rêvait de fonder un foyer,
Il prit donc femme mais croyez
Que ce ne fut pas là une excellente idée.
Pensez-y bien, un rêveur, s’attarder
Au même endroit pour plus d’une journée ?!
Sans doute elle était belle,
Sans doute il était bon,
Et l’une était fidèle
Et l’autre vagabond…
C’est pourquoi il eut beau rêver
Chaque jour vit l’orage se lever.
Et lorsqu’il eut compris, mais une fois pour toutes,
Mais cette fois vraiment,
Qu’il s’était bien trompé et lourdement,
Il jeta sur l’appartement
Un regard empreint de tristesse
Et chaque chose familière
Eut droit à la caresse
D’un souvenir mi-parti d’ombre et de lumière
Puis il ouvrit la porte et s’en alla,
Guère plus las,
Pour reprendre la route
Où il rêve encore sans doute.

                               ***       

mardi 10 septembre 2019

A mon bureau.




J’ai soudain le désir, peut-être un peu gamin,
D’écrire à mon bureau quelques vers qui me plaisent ;
Le vieux bois patiné, lisse et doux sous ma main,
Je ne sais pourquoi, me remplit toujours d’aise.
Je m’amuse parfois à rêver son destin ;
Pour le mieux contempler je recule ma chaise,
Je souris dans le vide et demeure songeur…

Dans un lointain château, derrière une fenêtre
Qui donne sur un parc où déjà l’été se meurt,
Encombré de papiers – d’un écrivain peut-être ?-
Je le reconnais bien mais l’homme que j’y vois
Pour être écrivain me paraît trop sévère,
Si ce n’est son parent ce doit être Louvois
S’occupant d’un bastion ou même d’une guerre.
La plume grince un peu, la nuit gratte aux carreaux,
Qu’arrive-t-il après ? Après, les choses changent.
Le tumulte du temps emporte le bureau,
C’est, chez un commerçant, une table où l’on range,
Où l’on mesure aussi les pièces d’un tissus
Qu’on vend à la vite et mesure de même,
On a fait pour cela ces entailles dessus .
Il sert pendant cent ans grâce à ce stratagème,
Après une faillite et deux ou trois conflits
C’est au troisième étage, une pièce assez sombre,
Des livres sur un coffre et rien d’autre qu’un lit,
L’habitant de ces lieux se confond avec l’ombre,
Assis à mon bureau, plus voûté qu’il ne faut
Et le stylo en main je vois qu’il y corrige
Les devoirs d’une classe d’au moins trente étourneaux
Qui ne verra jamais éclore de prodige.
Passe trente ans de plus, adieu l’instituteur,
Toujours peu fortuné, toujours célibataire
Il n’a pour héritier bien sûr qu’un brocanteur
Qui vend à un quidam -mais c’est un antiquaire-
Ce bureau que j’achète à son prix de rigueur,
Un meuble qui depuis n’a cessé de me plaire.

Souriant dans le vide et demeuré songeur,
Après un long moment je compose cette ode
Sans nulle prétention, sans aucune valeur,
Ce jour à mon bureau...   demain pour ma commode ?

                               ***

mercredi 30 mai 2018

Histoires courtes - II.




Une mouette sur un toit,
Proche, familière et songeuse ;
Où sont donc la mer et le bois ?
Une mouette sur un toit.

Viens-tu bavarder avec moi
De nos existences curieuses,
Ô, mouette dessus un toit,
Proche, familière et songeuse ?

Une condition qui vaut loi :
Quant aux critiques malicieuses,
Nous nous dirons chacun : « Tais-toi !»  ,
Chère mouette sur un toit.

Cela nous laissait un grand choix
D’histoires, ou non, délicieuses ,
Nous en rîmes beaucoup, et moi
Et ma mouette sur un toit,
Proche, familière et songeuse.

                               ***