J’ai déposé
tous mes soucis
Devant une
pile d’ouvrages
Qui
fournissent à mon esprit
Le puissant
rempart de leurs pages.
A peine fait
le premier pas,
Voici que je
passe la porte,
Et Cyrano m’ouvre
les bras.
Déjà le
second pas m’emporte
Au fond de
Brocéliande où vînt,
Antan, combattre
à la fontaine
De Barenton
le preux Yvain.
Au pas
suivant je bouge à peine.
Le roi
Gradlon
devant la mer
Écoute une
cloche engloutie
Et son
souvenir est amer.
Au prochain
pas je m’expatrie.
Au pied d’un
rocher sur le Rhin,
La nuit, il chante
une sorcière
,
Qui fait se
perdre les marins.
Au cinquième,
une autre frontière.
Le doge
aveugle
est devant moi
Sous les
murs de Constantinople
Chevaliers
que fait donc la croix
Sur fond d’azur,
de gueules, de sinople
?
A chaque
page un nouveau pas
Sur ce long
chemin qui sinue,
Hier et
demain n’existent pas,
Je ne suis
qu’une ombre ténue.
Je vous
échange l’univers
Contre ce
royaume de lettres,
Je m’y
enfonce et je m’y perds
Aussi loin
qu’il voudra permettre.
***