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lundi 26 juin 2017

Transposition de la "Chanson" CXXXXVI (146) du "Canzoniere" de Pétrarque (1304-1374).



(Chapiteau, musée du palais des Doges - Venise.)

Que la foudre, Avignon, vienne te consumer,
Toi, qui jouis de te montrer si malfaisante
Et d’appauvrir le monde et de vivre méchante,
Toi qui prends tout, laissant les autres affamés !

Le mal couve en tes murs et tu es le foyer
De mille trahisons, un nid de sycophantes[1],
D’ivrognes patentés, de goinfres, de bacchantes[2]
Où les excès de la luxure sont choyés.

Tes filles vont danser au bras de tes vieillards
Où Belzébuth se tient, amenant pour sa part
Les miroirs vaniteux, les soufflets et la flamme.

Puisses-tu, n’ayant plus bientôt ni feu, ni lieu,
Vivre dans les buissons, déchaussée, nue, infâme
Pour que ta puanteur monte enfin jusqu’à Dieu !

                               ***                                                                     

Transposition réalisée à partir de la canzone 146 du Canzoniere de François Pétrarque, NRF -Collection Poésie/Gallimard.  1983. P. 130.

                               ***


[1] Sycophante : délateur professionnel dans la Grèce antique.
[2] Bacchante : à l’origine, une femme qui célèbre les mystères de Dionysos-Bacchus, le dieu du vin, cérémonies empreintes d’une certaine licence, par extension femme dévergondée.

mardi 24 janvier 2017

Canzoniere de Pétrarque -Transposition du Sonnet CCII.





Sous la glace immobile une mouvante flamme
De jour comme de nuit brûle d’un feu ardent
Et c’est de ce brasier que naquit le tourment
Qui consume mon cœur et dévore mon âme.

Je vois pour me frapper la Mort brandir sa lame
Et, comme en entendant l’horrible grondement
D’un orage, ou d’un lion le fier rugissement,
Je tremble et je me tais puisqu’elle me réclame.

L’amour et la pitié pourraient bien me sauver
Si leur double colonne ils voulaient élever
Entre ce coup mortel et mon âme éperdue,

Mais rien ne me présage une pareille fin
Dans la douceur aimée, dans la rigueur perçue,
Et j’en accuserai seulement mon destin.


Transposition effectuée à partir du texte du Canzoniere de Petrarque.  Préface et notes de Jean Michel Gardair. Traduction du comte Ferdinand L. de Gramont.  NRF.  Poésie/Gallimard.1983. P 164.

                               ***

jeudi 1 septembre 2016

Pétrarque: sur la Mort de Laure. CCLXXVI du Canzoniere.






D’après la traduction du « Canzoniere » de Pétrarque. Poésie/Gallimard. 1983. P. 216.


Dans la douleur violente et l’horreur ténébreuse
Où cet ange serein, en partant,  m’a laissé
Je tente en composant ces lignes de lasser
Mon sombre désespoir et ma peine amoureuse.

C’est la juste affliction d’une âme malheureuse
Qui m’amène à me plaindre ; Amour tu sais assez
De quel fardeau mon cœur se retrouve oppressé
Et quel remède c’est aux heures rigoureuses.

Ô Mort,  tu m’as ravi mon unique secours,
Ô Terre bienheureuse,  et cela pour toujours,
En le couvrant, de contempler son beau visage !

Et pourquoi dois-je, ô Mort, ici-bas demeurer,
Aveugle inconsolé que l’éclat sans partage
D’un regard amoureux ne vient plus éclairer ?

                               ***                                       

dimanche 19 avril 2015

Canzoniere de Pétrarque. Tansposition du Madrigal CVI.







Une beauté aussi nouvelle qu’angélique
S’est envolé du ciel jusqu’au rivage ombreux
Où m’avait amené ce destin qui s’applique
A vous tracer des jours heureux ou malheureux
Et comme j’allais seul et sans escorte,
Elle tendit dans l’herbe au travers du chemin
Ce rets tissé de soie et si fine et si forte
Dans lequel je fus pris plus qu’en un tournemain.
Mais plaindrai-je mon sort ? Si douce est la lumière,
Les cieux m’en sont témoins, qui jaillit de ses yeux
Que je n’ai ni regrets, ni nouvelle prière
Et que je ne pouvais non plus désirer mieux.

                         ***

mercredi 8 avril 2015

Canzoniere de Pétrarque. Transposition du sonnet II.






Sonnet II :Comment il fût victime des embûches de l’Amour. »[1]

Comme il voulait punir d’un seul  trait mille offenses,
L’Amour, en se cachant, ourdit ce guet-apens ;
Sans bruit il prit son arc et choisit son moment
Avant que de lancer le fer de sa vengeance.

Dans mon cœur et mes yeux, confiante en leurs défenses,
Ma vertu se croyait à l’abri du tourment
Mais la flèche frappa –et  quel étonnement –
Où toutes s’émoussant, montraient leur impuissance,

Et voyant sa vigueur surprise en un instant,
Troublée à cet assaut, elle n’eut pas le temps
Aussi bien d’esquiver que de prendre les armes,

Pas plus que de chercher par un retrait prudent
Sur quelque cime altière à parer aux alarmes
Qu’elle veut mais ne peut plus guérir maintenant.



[1] Dans : Canzoniere – Pétrarque, nrf, Poésie/Gallimard. 1983.