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jeudi 20 février 2020

Sonnet CXVIII du Canzoniere de Pétrarque.



(Cathédrale de Sienne.)

De mes gémissements seize années ont passé,
Je m’en vais au-devant de la toute dernière
Me croyant dans ma peine en la toute première
Où mon cruel tourment soudain a commencé.

Souffrant d’aimer, le poids des jours vient me lasser
Et, craignant qu’avant moi, le Sort, sourd aux prières,
Ne la fasse descendre au séjour sans lumière,
Je voudrais de mon temps voir le terme avancé.

Hélas, je rêve ici d’une toute autre place
Où, de tout mon pouvoir, je m’en veux retourner
Mais je n’y parviens pas quoique je tente ou fasse.

Ce que je suis-je ne l’ai pas abandonné,
Fruits du même désir, mes larmes sont pareilles
A celles d’autrefois que le même chagrin réveille.

                               ***     

Note:  

Francesco Petrarca (1304-1374), poète toscan, rassembla les poèmes qu’il écrivit dans sa jeunesse pour Laure de Noves sous ce titre de « Canzoniere «  (Chansonnier). Le présent texte est élaboré (mis en vers) à partir du volume Canzoniere – Pétrarque – Poésie/Gallimard – 1983. Traduction du comte Ferdinand L. de Gramont.

lundi 26 juin 2017

Transposition de la "Chanson" CXXXXVI (146) du "Canzoniere" de Pétrarque (1304-1374).



(Chapiteau, musée du palais des Doges - Venise.)

Que la foudre, Avignon, vienne te consumer,
Toi, qui jouis de te montrer si malfaisante
Et d’appauvrir le monde et de vivre méchante,
Toi qui prends tout, laissant les autres affamés !

Le mal couve en tes murs et tu es le foyer
De mille trahisons, un nid de sycophantes[1],
D’ivrognes patentés, de goinfres, de bacchantes[2]
Où les excès de la luxure sont choyés.

Tes filles vont danser au bras de tes vieillards
Où Belzébuth se tient, amenant pour sa part
Les miroirs vaniteux, les soufflets et la flamme.

Puisses-tu, n’ayant plus bientôt ni feu, ni lieu,
Vivre dans les buissons, déchaussée, nue, infâme
Pour que ta puanteur monte enfin jusqu’à Dieu !

                               ***                                                                     

Transposition réalisée à partir de la canzone 146 du Canzoniere de François Pétrarque, NRF -Collection Poésie/Gallimard.  1983. P. 130.

                               ***


[1] Sycophante : délateur professionnel dans la Grèce antique.
[2] Bacchante : à l’origine, une femme qui célèbre les mystères de Dionysos-Bacchus, le dieu du vin, cérémonies empreintes d’une certaine licence, par extension femme dévergondée.