(Chapiteau, musée du palais des Doges - Venise.) |
Que la foudre, Avignon, vienne te consumer,
Toi, qui jouis de te montrer si malfaisante
Et d’appauvrir le monde et de vivre méchante,
Toi qui prends tout, laissant les autres affamés !
Le mal couve en tes murs et tu es le foyer
De mille trahisons, un nid de sycophantes[1],
D’ivrognes patentés, de goinfres, de bacchantes[2]
Où les excès de la luxure sont choyés.
Tes filles vont danser au bras de tes vieillards
Où Belzébuth se tient, amenant pour sa part
Les miroirs vaniteux, les soufflets et la flamme.
Puisses-tu, n’ayant plus bientôt ni feu, ni lieu,
Vivre dans les buissons, déchaussée, nue, infâme
Pour que ta puanteur monte enfin jusqu’à Dieu !
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Transposition réalisée à partir de la canzone 146 du Canzoniere de François Pétrarque, NRF -Collection Poésie/Gallimard. 1983. P. 130.
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