mercredi 8 mars 2017

L'Ecrivain Public.






Trois sous pour quelques mots, ne les valent-ils pas ?
Ecrire n’est pas rien, si vous saviez ce qu’il en coûte !
Un écrivain public ne gagne pas sa croûte
En usant de grands mots comme « âme » ou comme « appas »
Que ne comprendrait pas la coquine ou la belle
A qui son amoureux veut envoyer des vers.
Ni bergère à rubans, ni gente demoiselle :
Où « mon Amour » suffit, « Phyllis » va de travers.
« Ma Biche », « mon Aimée » et même « ma Colombe »
Ne sont pas démodés, « mon Cœur » se porte bien,
« Je ne pense qu’à toi »… Oui, je sais, il m’incombe
De mentir quelquefois mais on ne ferait rien
De bon ou tout du moins qui vaille qu’on l’achète
Si l’on n’enjolivait en ce domaine là !
« Berthe, viens dans mon lit », même avec un en-tête
Et sur papier glacé, tombe toujours à plat.
J’habille le désir, je vends de la tendresse,
De la fidélité, je sais ce qu’elle vaut,
Tant pis, ce n’est pas moi qui signe la promesse,
J’écrirais tout, pourvu qu’on paye ce qu’il faut ;
Est-ce moi dans le fond qui suis le malhonnête ?!
Je ne suis qu’un marchand de rêve ou bien d’appâts;
Trois sous pour quelques mots, ne les valent-ils pas
Puisqu’ils sont malgré tout les mots d’un vrai poète ?

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